Il était minuit et l’air semblait plus doux au dessus des pylônes. J’aimais particulièrement l’endroit. Un sentiment de grandeur m’envahissait à chaque fois que j’escaladais les supports en métal. Le vent glacial m’enlaçait tendrement jusqu’à ce que je perde la notion du temps et de l’espace. Je vacillais parfois, mais la bête m’empêchait de me ramasser la tronche. Un sourire arrogant barra mon visage lorsque je ramenais ma bouteille de Vodka à la bouche. Le goût aigre doux du citron emplissait mon palais de sensations agréables, mais rien d’extravagant. Le rire du loup raisonna dans ma tête avant de me sortir par la bouche dans un écho malsain. Le son de ma voix se mélangeait peu à peu au bruit des voitures avant de s’estomper dans le ciel nuageux. Avec un peu de chance, la pluie serait au rendez-vous !

L’amour comme l’oxygène emplissait mes poumons avant de se dégager de mes narines. Ma langue molle claqua contre mon palais puis pendouilla à l’extérieur, filtrant l’air et ses senteurs polluées. Je sentais la présence des miens à des milliers de Kms, mais l’aura de Maeve était différente. Plus légère mais si poignante. J’éclatais de rire en balançant mes jambes jusqu’au prochain pilier.

So fantastic.

Je me rappelais parfaitement de nos folles nuits ensemble où avec la meute, nos plans de chasses qui foiraient souvent car nous étions trop épris de liberté et l’un de l’autre. Je ne l’avais plus revu depuis son départ de Seattle. Elle avait dit que les autres l’étouffaient, Jackie était exaspérante et trop obtuse pour diriger selon la charte des droit du garou. A l’époque son geste m’avait parut si déplacé, après tout nous devions obéissance et loyauté à l’alpha quelque soit la situation, mais aujourd’hui que j’étais moi-même parti, je comprenais parfaitement son état d’âme.

« C’est une agréable surprise. » Sifflais-je en apercevant sa silhouette fendre l’air et les nuages.

La jeune louve se posta gracieusement au sommet du pylône en face de moi. Je retins mon souffle en regardant ses longs cheveux bruns balayer le ciel. Ses yeux rieurs se posèrent sur moi, avant de se fermer. Etait-elle entrain de méditer ? De dormir peut-être ? J’éclatais de rire en allant à sa rencontre. Il n y’ avait pas assez de place pour deux, et ce n’était pas pour me déplaire. Mon torse brûlant se pressa contre elle pour une étreinte forcée. Je balançai les bras avant de les déposer de part et d’autre ses épaules.

« Tu étais à Manhattan tout ce temps là … » Avouai-je en la serrant contre moi. « Sœur de sang. »

L'odeur de l'alcool emplissait le col de ma chemise. Je souris en lui tendant la bouteille.

« Wolf shot ?» Proposai-je en souriant.

La nuit était tombé depuis de longues heures désormais et comme certaines nuits comme celle ci, Maeve ne trouvait pas le sommeil. Elle avançait dans les rues de Manhattan sans vraiment savoir où elle allait. Son loup était en parfait accord avec elle, n'opposant aucuns doutes la poussant même à poursuivre sa marche.

Minuit Maeve, continue!

Maeve ricana doucement, en continuant son chemin. Rapidement ses pieds la conduisit devant les pylônes, son instinct animal la poussa à monter en haut.

Monte Maeve, ne sens tu pas?!

Maeve reconnue une odeur plus forte, celle d'un loup. Sans nul doute, l'un des siens se trouvait là haut, quelque part sur l'un des pylônes. Elle monta avec beaucoup de grâce le long du métal, comme si une échelle de corde si trouvait. Elle respira profondément quand elle atteignit le sommet. Un vent d'une douceur incroyable s'engouffra dans ses cheveux, les emmêlant sur son visage. Un fin sourire s'afficha sur son visage, cette odeur, elle la connaissait, depuis des années. Mais cela faisait aussi des années qu'ils ne s'étaient revus.

En repensant à ses années, les trois années où Maeve avait vécut dans une meute, la jeune louve sourit.

Maeve, tu te souviens de lui.

Maeve ricana, son loup était si spéciale, heureusement qu'elle était la seule à l'entendre. Maeve ricana et rejoignit le pylône suivant, il n'était pas très loin d'elle. Son cœur rata une pulsation. Lui qui avait mal prit son départ, l'accueil serait il froid? Elle tenta tout de même et rejoignit le pylône ou se trouvait Caleb.

« C’est une agréable surprise. »

Maeve releva les yeux vers Caleb en souriant. Elle ne ressentait pas de haine ou de reproche dans son regard et fut particulièrement surprise quand il la prit dans ses bras. Elle resta raide un instant avant de le prendre elle aussi dans ses bras.

« Tu étais à Manhattan tout ce temps là … Sœur de sang. »

Maeve lui sourit largement, contente que l'accueil soit plus positif qu'elle le pensait.

« Je suis contente de te voir Caleb. »

Maeve saisit la bouteille que lui tendit Caleb en ricanant.

« Merci! » fit elle en regardant la bouteille. « Je vois que tu n'as pas changer Caleb. Es tu toujours le même loup? »

La louve releva ses yeux vers lui en souriant. A le regarder, il avait tout de même abusé quelque peu de la boisson, il avait très peu changer, son regard était toujours aussi persan, toujours se même visage. Maeve mit la bouteille à ses lèvres et but une gorgé. L'alcool lui brula la gorge et elle donna à nouveau la bouteille à Caleb.

Je n’avais aucune honte à être un loup. J’aimais même ça ! Un rire moqueur se traça sur mon visage bestial. Ma mâchoire claqua dans un son mat, mêlée aux soupirs du vent et aux halètements de ma bête enragée. Mon corps ne mentait jamais, et là, il criait offrande. J’étais certainement le même loup, aussi passionné et dévoué au groupe. Mon visage n’avait pas changé, ni mon regard affolement perçant. J’étais fidèle au souvenir de l’homme ténébreux qui avait décimé tous les villages autour de Seattle. Un rire démonique m’échappa au souvenir du sang et de ses saveurs épicées. Maeve n’était pas ce genre de personne. Elle était si différente des autres, c’était sans doute ce qui me rendait fou à son sujet. J’enfouis mon nez à mi-chemin entre le chapeau aquilin de l’humain et le museau brun du garou, dans ses cheveux brillants.

« Tu sens pareil. La douceur, le manque de cran, de bestialité … Tu aurais dû être humaine, douce créature. » Soufflai-je à son oreille, snobant complètement ses interrogations à mon sujet.

Je n’étais pas du genre à parler de moi, ni de mes aventures. Elle le savait. Le peu de choses qu’elles avaient réussi à me soutirer étaient en relation avec mes ébats douteux avec les humaines ; Anita, cette idiote dont je m’étais entichée puis les autres. Toutes ses passades qui avaient finies empalée au dessus du lit. Ce n’était pas moi. Pas vraiment. Le loup était un éventreur que je laissais volontiers jouer avec la nourriture. Je lui souris avant de reprendre la bouteille. Je chancelais. Je perdais pieds, puis reprenais l’équilibre l’instant d’après.

« Je plane, tu devrais en faire autant. » M’amusai-je en me serrant encore plus contre elle.

Le lieu était peu accommodant, et le sommet du pilier rendant notre étreinte encore plus inévitable. J’avais chaud, mais ce n’étaient pas des bouffées d’air ordinaire. Mon souffle haché se perdait sur la peau nue de son cou. Mes crocs devenues tout à coup proéminents me faisaient mal de ce parfum que je rêvais de gouter. Je la regardais dans les yeux, plongeant mon regard groseille dans le sien d’un bleu électrique. La foudre me frappait en pleine tête. Ce n’était pas le première fois que j’adressais des pensées aussi obscènes à l'adresse de la jeune brune. Nous étions frères dans la meute, amants dans la nature, immanquablement liés jusqu’à la mort. Et Dieu ce qu’elle m’avait manquée. Je bu le reste de la vodka d’une traite avant de lancer la bouteille dans les airs.

« Maeve … » Balbutiai-je en plaquant mes lèvres sèches contre les sienne.

Je me penchai en avant, la tenant par la nuque, puis relevant sa cuisse en direction de mon entre jambe. Je vacillais, tombais, puis reprenais mon souffle à temps. M’appuyant sur la pointe d’une seule patte j’approfondis ce baiser volé. Ma main serra son quadriceps puis les muscles de sa jambe musclée. Je sentis mes crocs percer son jean puis léser sa peau si douce, si parfumée. Je ressentais tout au quntuple, le loup ? Où la boisson ? Je n’étais plus maître de moi-même. Ma raison me faisait faux bond ;

« Tu m’avais manqué, petite. » Raillai-je en me détachant d’elle.

Maeve se laissa faire par Caleb, comme si chaque gestes étaient calculés, comme si elle y répondait sans réfléchir. La jeune louve savait que Caleb n'était pas vraiment dans son état normal. Mais il était vrai aussi que le loup n'avait jamais été une preuve de stabilité et de normalité. Elle le sentie saisir sa jambes, puis il finit par la léser. Maeve se laissa faire et enfui sa tête dans sa nuque en mordillant sa lèvre inférieur. Elle passa ses mains dans ses cheveux.

Leur stabilité était précaire, le veux et l'alcool qui imbibait le sang de Caleb, ne faisait pas vraiment bon ménage. Mais c'est avec beaucoup de chance qu'il restèrent debout. Les cheveux de Maeve voletait derrière elle et le vent frais qui parcourrait son visage, refroidissait un peu cette atmosphère et faisait du bien.

« Tu m’avais manqué, petite. »

Maeve ricana en le fixant droit dans les yeux. Elle se rapprocha de lui, le défia du regard un instant avant de le saisir par la nuque, le rapprocher de son corps et de l'embrasser avec rage, comme elle l'avait fait avant de disparaitre à Manhattan. Quand elle se détacha de lui, ses yeux marrons avait prit une teinte, très noire. Son loup était belle et bien là.

Toujours autant de violence entre vous deux!

Maeve ricana en passant ses mains dans ses cheveux, afin de les discipliner un peu et éviter qu'ils barrent complètement son visage. Elle se rapprocha à nouveau de Caleb.

Toi aussi, tu m'as manqué! Même s'il y a beaucoup de loup ici. Peut peuvent être aussi tordu que toi! fit elle en souriant.

La jeune louve avait toujours apprécié le loup, une relation complètement loufoque et tordue c'était installer entre eux, entre violence et bestialité. Entre eux, ils laissaient complètement parler leur bette. Entre eux c'était l'instinct de leur bête qui parlait.

Un sourire dément barra mon visage. Entre grincements de dents, et soupirs bestiaux, j’étais complètement perdu. Le désir et la folie m’emportaient tel un tourbillon. Et bon Dieu, que ça m’avait manqué de toucher le fond. Personne ne pouvait comprendre ce sentiment de perdition, aucune humaine aussi belle, et amoureuse soit-elle. Seule la louve en face de moi pouvait assouvir mes besoins les plus loufoques. Il n’était pas question d’éthique, ni de douceur. Nous ne parlions que très peu, laissant place au langage du corps et accessoirement à celui de la bête.

Le sex comme l’oxygène.

Je reprenais mon inspiration, afin d’insuffler mes poumons de passion. Le pilier sur lequel nous étions suspendu lançait des grincements bizarres, mais je n’y prêtais que trop peu attention. Je me penchai à nouveau sur elle afin de faire craquer les boutons de son chemisier un à un. Mes mains toujours en mutation se plaquèrent sur sa poitrine avant de la faire léviter dans les airs. Je lançai un rire de conquérant avant de voltiger dans les airs. Nous dansions avec le vent, de pilier en pilier, de sommet en sommet. Tous les pylônes y étaient passé, et le corps de Maeve toujours aussi léger que dans mes souvenirs se laissait manier à la perfection. Je n’avais jamais oublié, ses courbes, l’odeur délicate de ses cheveux, ni le timbre spécial de son loup timide et farouche à la fois.

Je n’étais pas un modèle de normalité. Mais elle n’était pas en reste non plus. C’était la seule pur-sang que je connaissais, et qui étais du côté des humains. Elle respectait les autres, et comprenait des choses que même moi qui avait fait parti du clan des banales je ne pouvais assimiler. Il y avait en elle, tellement de compassion et d’humanisme refoulé que parfois je doutais de la réalité de sa bête.

Maeve était encore plus douce et attentionnée que toutes ces femmes, et louves, qui avaient un jour partagé mon lit. C’était pour cette raison que je l’affectionnais tant. Elle était la sœur, la meilleure amie, l’amante et tout cela à la fois. Je lui souris de toutes mes dents avant de croquer sa peau à nouveau. Son gout aigre doux, n’avait décidément pas changé.

« Si tu savais que personne ne m’arrivait à la cheville, alors pourquoi es-tu parti de Seattle ? Pourquoi sans moi ? » Me moquai-je. « Si mes souvenirs sont bons, tu n’as même pas essayé de me convaincre de quitter Jackie. »

Jacquellin Woll, Jackie, était ma créatrice mais aussi l’alpha de la meute qui m’avait recueillie. Je lui vouais un respect hors norme. J’étais presque lamentable à la suivre partout. Mais c’était plus fort que moi. Le loup était reconnaissant à vie, comme il était amoureux pour l’éternité. C’était le propre de la race que de vouer sa vie aux autres, et l’imprégnation en était la plus grande preuve.

« Descendons. » Soufflai-je tout à coup, en la poussant violemment.

Son corps tombait à la reverse. Je me jetai à sa poursuite, en riant aux éclats. Le danger, et les frissons extrêmes m’avaient manqué. Je lui tins le poignet afin de l’aider à se réceptionner sur terre. Maeve avait beau être née avec la bête, mon agilité, et mon union avec la meute avaient fait de moi quelqu’un de plus fort.

Les loups. C’est la meute.

« Il est connu que seuls les chats retombent toujours leurs pattes. » La charria-je hautain, avant de la prendre dans mes bras.