Spoiler:

Je tremblais. Dehors il faisais froid. Le mois de septembre était frais. Je n'avais pas prévu avoir froid. Je chassais forcément. Ma vie ne se résumait plus qu'à ça. Depuis la mort de mes parents. On aurait pu croire qu'avec ma rencontre avec Caleb je me serais arrêtée. Bizarrement je tuais deux fois plus de garous. Tels ils soient. Je ne faisais maintenant plus aucune différence. Je les haïssais tous. Je me détestais d'aimer un loup. Je soupirais. Il n'y avait personne ce soir. Les rues étaient désertes. J'étais frigorifiée. Je regrettais de ne pas m'être couverte plus. Je soupirais. Je renonçais. Je n'avais pas envi de tuer. Pas ce soir. Je n'entendais plus les recommandations de Caleb. Je n'avais plus rien. Aucune nouvelle, comme s'il était mort. Cela m'affectait trop. Je ne devais pas être autant attachée à lui. C'était risqué pour moi. Je risquais d'être tuée par les miens car pour eux je n'étais qu'une traite. Et pourtant j'étais l'une des meilleures. Je pouvais me faire attaquer par des loups de la meutes de Caleb cherchant vengeance pour n'importe quoi.

Je rentrais chez moi. Croisant des passants. Il est claire qu'une fille comme moi ne passait pas inaperçue. Je ressemblais à Lara Croft en blonde dans les rues de Manhattan. Je chassais dans cette tenue lorsque le temps me le permettait. Je ne rentrais pas de suite. Je voulais aller au parc aux loup. Trouver l'endroit ou j'avais trouvé Caleb et ou il s'était imprégné de moi. J'avais pour espoir de le trouver ici. Seulement il n'y avait personne. Même pas un loup. A croire qu'il n'y avait plus de garous à la surface de la terre. Je ne comprenais pas. Je les chassais.. Mais je n'en attrapais plus un depuis deux semaines.. Qu'est ce qui se passait.. Je ne comprenais pas en faite. Et depuis ces deux semaines.. Plus aucune nouvelle de Caleb. Comme s'il n'existait pas. Comme s'il ne voulait pas de moi. Il m'avait totalement oublié. J'en avais l'impression en tout cas.

Je finis par retourner chez moi. Seule bien sur. Et toujours dans la même maison. La même ou mes parents avaient trouvé la mort. Je n'arrivais pas à partir. Il était hors de question de je laisse ma maison ou j'avais grandi. Je tenais trop à mes souvenirs. C'était aussi peut-être la cause de ma constante haine. Je claque la porte derrière moi. Je soupirais et refrissonne la chaleur me fait du bien c'est claire. Je pose mon arme et mon couteau en argent dans mon coffre. Je prend un verre de vin et je monte dans ma chambre. J'allume la télé. Un film d'horreur. Je rigole. J'avais jamais peur dans ce genre de film. Je me met en pyjama. Un t-shirt qui appartenait à mon père trop grand me sert de chemise de nuit. Je garde ma tresse indienne et je me fou au lit avec mon verre de vin en regardant un navet d'horreur. Je finis par m'endormir..

Mémoire.

Souvenirs.

Je m’avançais dans le noir, laissant mon corps tremblant se fondre dans les ténèbres. Chacun de mes pas me demandait un effort considérable. Je soupirais à bout de souffle, les yeux emplis d’expressions mal contenues. J’avais si mal. Peut-être même pouvais-je en crever. Je me souvenais de tout. De la séparation de mes parents quelque temps avant mon 15ème anniversaire, du premier baiser que j’avais partagé avec Anita, et de ma folle nuit avec Alexis. Puis l’instant d’après ma vision se brouillait, le décor s’effondrait et le voix grinçante de la bête commandait mon esprit. J’étais trop faible pour résister. Trop con pour espérer. J’avais condamnée ma vie. J’avais choisi d’errer dans les méandres de mon âme, mélangé à une meute de loups qui ne voyait pas en moi le leader mais le sang de bourbe.

Je traversai l’Upper east side dans le flou, sans regarder les visages ni palper les odeurs de la cohue. Il n’y avait plus rien en moi. Plus d’envie, ni de sang. Je n’étais plus qu’un fantôme, flânant dans les rues sombres de Manhattan, attendant le retour de mon bourreau.

Le loup reviendra.

J’en étais persuadé au fond de moi.

Je tapotai la poche intérieur de ma veste en cuir, sortant un paquet de cigarette dont le nom français était imprononçable : Gow – Gau-iiii-loise. Je serrai les lèvres contre le filtre jaune. La fumée qui s’échappait de la tige était puante, sans aucun arôme, et Dieu ce que je détestais fumer. Mais c’était le seul moyen d’autodestruction que j’avais la force de tenter ce soir. Quelques gouttes de pluie plaquèrent mes cheveux ébouriffés sur mes tempes. J’haussai les épaules en pressant le pas.

Je n’avais plus revu Alexis depuis quelques temps. Peut-être une semaine, où deux. En fait je ne savais plus. Entre ma cicatrisation inachevée, l’abandon de mon garou et le retour fulgurant de mon passé houleux, je ne savais plus où donner de la tête. Un spasme secoua ma poitrine alors que je toussai. Mes poumons me lançaient, sûrement mon bon vieil asthme. C’était si con ! Le loup était parti et je me retrouvais avec toutes les faiblesses, et les bavures du monde. Mes problèmes respiratoires, mon manque d’assurance, et la douleur brûlante qui me tuait de l’intérieur … C’était terrible de redevenir Caleb. Vraiment terrible !

Je n’avais plus revu Alexis depuis quelques temps, et la seule chose que je trouvais à lui dire c’était quel horrible personnage j’étais. Je voulais lui parler de ce secret qui pesait si lourd sur ma conscience. Du sang de sa mère qui m’avait giclé sur le visage. C’était le premier battement que mon cœur avait raté. Le déclic qui m’avait fait réaliser à quel point la mort pouvait être délicieuse. Je pompai une bouffée de poison avant de remonter le long de l’avenue. Le dernier immeuble au coin était le bon. Je m’en souvenais parfaitement : de cette nuit, du massacre puis du visage innocent de la jeune blonde. D’une certaine manière, la meute et moi, avions fait d’elle un monstre à son tour. Une hunter redoutable.

Je remontai les marches une à une, zappant l’ascenseur dans l’espoir de retarder l’échéance. Je soupirai un nuage de fumée avant d’écraser mon mégot au sol. Je frappai à la porte. Elle apparut trois secondes plus tard, habillée en pyjama, l’air ensommeillé.

« Tu dormais. » Remarquai-je en humectant mes lèvres sèches.

Je fis un petit sourire en haussant les épaules.

« Tu vois je suis venu. Tu dois savoir que tout le monde se cache … Nous sommes humains. » Soufflai-je. « Je suis venu, pour refaire connaissance avec la fille qui a rendu mon loup complètement fou. »

Un rire m’échappa. Je grimaçai légèrement, maquillant la douleur qui titillait mon épaule et quelques parties de mon torse bandé. Connerie de bus !

La nuit était tombée. Je m'étais installée avec mon verre de vin dans mon lit. Devant un navet. Franchement les films d'horreur des chaînes publiques étaient pas terribles. Au début je suivais, mais peu de temps après je m'endormais. Je terminais mon verre et je le reposais sur ma table de chevet. Je soupirais. Je regardais pour une énième fois mon portable. Aucun nouveaux messages. Plus une nouvelle. Rien. Le néant. Depuis l'épisode au mc do avec Anita. Comme par hasard avec elle. Je pouvais mettre ma main au feu qu'il était retourné avec elle. Je l'avais toujours su. Il n'était pas vraiment imprégné de moi. Il avait juste voulu couché avec une hunter et cela avait fonctionné. Parce que j'étais littéralement tombée dans le piège.

Je rêvais. Mes rêves étaient pourtant rares. Je faisais plus de cauchemars. Sur la mort de mes parents. Sur l'horreur de la scène. Cette nuit je ne sais pas si on pouvait dire que j'étais en train de faire un cauchemars ou bien un rêve. Tout était noir. Et franchement je n'étais pas sur de comprendre la situation. Il y avait mes parents. Il flottait dans cette pénombre. Ils me souriaient. Alors Caleb apparut. Derrière mes parents. C'est à cet instant qu'ils disparurent. Le fond noir laissa place l'intérieur d'une église. Elle paraissait totalement désaffectée. Caleb était toujours en face de moi. Il fixait quelque chose ou quelqu'un derrière moi. Je me retournais. J'avais l'impression de ne pas exister à ses yeux. Anita était dans l'entrée. Elle portait dans ces bras un bébé loup. Elle portait une simple robe blanche. Elle passa près de moi sans me voir elle fixait de la même façon Caleb. J'étais incrédule. Je ne pouvais rien faire. Elle rejoint Caleb au niveau de l'hôtel du prête. Sauf que ce ne fut pas un prête qui arriva. Mais un loup. Aussi grand que Caleb lorsqu'il est transformé. Je ne comprenais pas. Ou pas de suite. Je me réveillais en sursaut juste au moment ou Anita se retourna et qu'elle me tira une flèche comme celle de cupidon dans le coeur.

Mon rêve était totalement glauque. On ne pouvait pas le nier. Je ne voulais pas y penser. Soit je me faisais trop d'idée, soit mon esprit avait réfléchi avant moi.. Et lui avait compris le manège. Caleb n'aimait que Anita .. C'est ce que mon rêve voulait dire non ? Je ne savais pas.. Plus. Je m'assis dans mon lit. J'étais légèrement en sueur. Pourtant je tremblais. Je perdais Caleb et j'en avais totalement conscience. Je n'étais pourtant incapable de me battre pour lui. Parce qu'il était à la base tout ce que je détestais. Et puis je pensais surtout n'avoir aucune chance. J'étais qui comparait à Anita, l'amour de sa vie ? Si mon hypothèse que le fait que les loups rats et panthères, ont perdu leur garou, je n'étais plus rien. Car Caleb ne m'aimait pas. C'était le loup qui m'aimait. Et il n'existait plus.

On frappa. Je sursautais. Je ne m'y étais pas attendu. Je regardais l'heure sur mon réveil. La télé tournait toujours et il était tard. J'avais une petite idée. Je me doutais de l'identité de la personne qui venait à une heure si tardive chez moi. Je me levais pour me rendre jusqu'à la porte d'entrée. J'ouvris celle ci. Caleb. Je cachais cette joie qui n'avait nul lieu d'être. Sérieusement s'il était là ce n'était surement pas pour une déclaration. Il n'en avait jamais fait et je doute que ce soir soit le bon.

- Sans blague ? T'as vu l'heure ?

Je le regardais parler. Oui il était venu. Oui tous les garous même humains se planquaient. La peur était toujours aussi présente. Je repris après lui. Je voyais aussi qu'il avait mal. Il cachait mal ce genre de chose. Et de plus j'étais habituée à la douleur. Je la connaissais par coeur. Physiquement et mentalement. Il avait mal à cause de moi. Le bus. Quelques semaines plutôt. J'aurais du mourir mais il m'avait sauvé ce jour là. Pour ça je l'aimais. Pour un tas d'autres choses aussi.

- Tu t'en préoccupes que maintenant, remarque je peux pas me plaindre. Le loup n'est plus, je n'ai pus la priorité.

Je le laissais entrer. Je crois qu'il n'était jamais venu ici. Pas à ma connaissance.

- Il me semblait que tu la connaissais cette fille ? Tu ne te souviens pas ? 5 ans.. avant maintenant.. Tu as bien profiter. Un peu comme tu le faisais.. avant..

Je claquais la porte et je m'appuyais sur celle ci le temps qu'il réponde. J'étais froide. Qui ne le serait pas. Je n'avais pas de raison d'être agréable. Je souffrais. Et il le savait parfaitement.

- Alors faisons connaissance !

Elle m’en voulait. Même sans la présence du loup je pouvais sentir toute son animosité, et sa colère mal contenue. Elle me regardait à peine, préférant ravaler sa haine et sa fierté. Je savais que j’avais commis une faute à son égard. J’étais parti dans un élan de lassitude, et je ne revenais que maintenant. A part un message envoyé à la volée, elle n’avait pas eu aucun signe de moi. Je baissais les yeux en la suivant. Je ne me faisais pas petit. Loin de là. C’est juste que je ne me sentais pas à ma place. Cet endroit m’était antipathique. Il me rappelait des souvenirs que j’avais mit tellement d’efforts à étouffer. Les détails les plus pertinents me revenaient au fur et à mesure que je balayais le salon du regard. Rien n’avait changé. A quelques détails prêts. Alexis me fit face. J’encadrais son visage des mains avant de la lâcher. J’avais conscience de mes pêchers. Je n’essayais pas de me racheter ni de me faire une raison, mais j’avais besoin de renouer avec mon passé. C’était plus fort que tout : Que l’impregnation, où le souvenir du loup. Je lui fis un sourire maigre. Je doutais bien qu’elle ne m’acceuillerait pas à bras ouverts, mais je ne suspectais pas une telle froideur non plus. Elle devait souffrir bien plus que que je le croyais.

« Oui faisons connaissance, Alex. »

Son prénom sonnait bizarrement maintenant que je le prononçais comme tout le monde. C’était plus court, peut-être même dénudé de sens. Je ne la connaissais pas. Je me rapellais de son corps fiévreux collé contre le mien. Je me souvenais de la sueur qui perlait à la surface de son dos lisse et parfait. Mais je ne la connaissais pas. Et elle non plus d’ailleurs. Elle ne savait rien de mon ignominie, et du meurtre que j’avais commis avec la meute. Le loup avait voulut étouffer le passé mais je ne pouvais pas la laisser dans le mensonge plus longtemps.

Alexis, était amoureuse d’un monstre qui n’existait plus. J’étais le pont entre le monde réel et la fantaisie dans laquelle elle avait sombré par ma faute. Je me sentais désolé, mais au fond de moi, il y avait une forme particulière d’affection pour elle. Je ne me l’avouais pas encore, mais je voulais la protéger moi aussi. Avec ou sans l’aide du garou.

« Je me souviens de cette nuit. Tu es la seule femme avec qui j’ai trompé Anita. » Souris-je d’un air absent. « Tu l’as rencontré. Elle n’a pas toujours été aussi désagréable, et moi non plus. » Confessai-je.

Je posai ma main sur son épaule en plongeant moi regard azur dans le sien. A présent elle pouvait voire à quel point j’avais changé. Elle pouvait toucher l’humanité qui se noyait dans mes iris jadis cruels et cramoisis.

« Je me souviens de cette nuit et de la mort de tes parents. » Lâchai-je pince sans aucune émotion.

Je ne voulais pas attendre trop longtemps, ni lui briser le cœur une seconde fois. Mes muscles étaient aussi dur que les rochers, je bougeais avec difficulté, et respirais avec encore plus de peine. La culpabilité m’emplissait de ressentiments à l’égard de l’espèce canine dont je faisais parti.

« J’étais là jusqu’au bout. Je t’ai fait l’amour, puis j’ai vu le reste. »

Je n’étais pas là pour expier mon âme. Elle devait savoir, voilà tout. Je voulais enterrer toutes mes émotions mais je n’y parvenais plus. Mes mains tremblaient. J’avais trop à perdre en étant sincère. Me pardonnera-t-elle ? M’aimera-t-elle encore ? M’a-t-elle jamais aimé ? Alexis, confondait l’homme et le loup comme tout le monde. Il m’arrivait moi-même de mon tromper. Alors pourquoi lui en vouloir ?

Elle me quittera. Et je serais seul.

Nobody wants to be alone …