J’avais grandis ici, pourtant je me sentais étrangère dans l’immensité de la ville de sang. Manhattan mourrait à petit feu, engloutie par l’obscurité des Hommes et des bêtes. Je soupirai en relevant les yeux sur le ciel brumeux. Je n’avais encore jamais vu autant d’aura bestiales concentré dans un seul et même endroit.
Les garous gagnaient en nombre. Je suppose que ça avait quelque chose à voire avec l’extermination des incubes, et l’incompétence éternelle des Hunters ; trop obtus où rêveurs. J’avais choisi ce train de vie auparavant moi aussi : Combattre le crime par le crime, me semblait être la meilleure initiative dans un monde de chaos. Je voulais venger le mal qu’on m’avait fait, raviver mes rêves fauchés et mes espoirs d’adolescente : Une petite vie tranquille, dans une ville provinciale avec mon petit ami du lycée.
Mon regard meurtri enveloppa les ruelles sombres et silencieuses. Je m’étais battu avec mes trippes afin de sauver le peu de lumière qui surplombait les réverbères. J’avais tué des loups qui faisaient deux fois ma taille, j’avais enfoncé mes ongles dans la chair puante des rats sournois et j’avais fini par me faire un nom parmi les panthères sauvages. Ça m’avait pris un temps fou pour me redresser et combattre le danger. Puis un beau jour, je réalisai que j’y avais laissé un bout de mon âme. Sûrement le meilleur morceau, vu que je me sentais démunie et seule.
La lune brisée se reflétait sur les flaques de sang et les retenues d’eau. Je regardais le spectacle de haut, penchée sur ma fenêtre. Mon cœur se consumait à l’intérieur de ma poitrine. Les choses semblaient si calmes dans les bas-fonds de la ville. Le silence m’embrassait.
J’avais été sotte de croire que la paix pourrait revenir après la mort des démons, où que l’amour pouvait survivre à la dominance de la bête. Ma main tremblante se posa sur mon ventre trop plat. Le vide m’envahissait à chaque bouffée d’air. J’étais dénudée de toute force, et mon magnum 31 semblait si inutile dans de telles circonstances.
Les garous avaient ravagés tout sur leur passage, quelque soit leur race où leurs idéaux mensongers. Les humains avaient trop peur. Ils se laissaient aller dans le mutisme, et moi je m’étais lassé du combat. Je me reposais en frictionnant le berceau d’un bébé qui ne verra jamais le jour. Mon enfant mi humain, mi loup n’avait pas survécu à l’appel du monstre.
Je fermai les yeux. La pression était trop dure à supporter. Mes mains moites cherchaient les couteaux aiguisés sous mon pantalon. Je voulais combattre à nouveau. La colère et la haine grognaient à nouveau en moi, guidant mon destin vers la chasse aux monstres.
J’avais choisi de tuer les loups, alors que mon unique amour était l’alpha en devenir.