June Eleanor Queen
Feat. Kristen Bell

(c) Crédit.

Who's that chick ?
June Eleanor Queen. Queeny.




Les battements ardents de mon cœur accéléraient le processus de guérison, et pourtant je sentais cette douleur, cuisante et dévastatrice, me saisir du palais et se répandre dans chaque parcelle de mon corps. Je tremblais, suffoquais mais je me finissais par me redresser les yeux injectés de sang, d’or et de paillettes. Je n’étais pas une panthère comme les autres, et aujourd’hui encore je me demandais quelles raisons obscures avaient poussées le bourreau de mes parents à m’épargner. Ma vie avait basculé par une sombre nuit d’automne, et je m’étais forcé à aimer cette saison pour ne pas sombrer dans la folie. L’automne est ma saison préférée. Je n’étais pas une enfant à l’époque mais je suppose que j’étais assez jeune pour sentir l’absence de mes parents. La solitude pesait lourd sur la balance, mais je n’avais pas le droit de faire mon deuil. J’avais trop de responsabilités et trop de papiers à signer. Les gens qui m’entouraient étaient des escrocs, des manipulateurs avides d’argent et de pouvoir. Je n’avais même pas eu à apprendre, je crois que j’avais déjà ça dans le sang. Mon père était un trou du cul, et le pire, c’est que je ne savais pas si je devais le blâmer pour la mort de ma mère où au contraire me moquer de son manque de discernement. Comment avait-il pu gérer la compagnie alors qu’il n’arrivait pas à contrôler son amante ? C’était si stupide.

Le manoir familial était magnifique, immense et incroyablement froid même en été. Les escaliers à double révolution me filaient le tournis alors je prenais l’ascenseur à chaque fois pour me rendre sur le toit. J’arborais une mine déconfite en frôlant le sol givré puis je regardais les étoiles éparpillées n’importe comment sur la toile obscure. Ma vie était géniale, mais la solitude ne me quittait pas d’un pouce. Et ce deuil que je n’avais pas eu la chance de faire me tuait à petit feu.

They say I'm a nevrotic b-i-t-c-h.
Well that's fine.




Comment ça ? Je suis une salope ? C’est pour ça que je n’avais pas d’amis ? Mais j’avais assez d’argent dans mon compte en banque pour me payer une fraternité ! Je pouvais designer des robots qui n’auraient Dieu que pour ma magnificence. Quoi ? Et mon discours sur la solitude, le toit et la manoir froid ? Je préférais crever que d’avouer que j’étais humaine. Il y avait en moi une bête extraordinaire, joueuse et attentionnée. Ses miaulements suaves berçaient mes nuits de rêves insolites qu’il me tardait de réaliser. La vie était un jeu et moi, je refusais de perdre au change. Je gérais la boite avec autant d’acharnement que mon esprit tordu me le permettait, allant jusqu’à user des magouilles les plus terre à terre ; chantage, harcèlement sexuel, meurtre. Je n’avais pas peur de dépasser mes limites, de toute façon j’en avais pas. Mon rire démoniaque fusait de toute part, allant de mon atelier jusqu’au dernier bureau à côté de la photocopieuse, rappelant à tous mes subordonnées que je tenais les reines. Les batards ne pouvaient pas me réduire en poussière parce que j’étais la pire de tous.

Let me love you or destroy you.
Ethan Gabriel Morgan.




Je ne connaissais pas l’amour, mais j’avais beaucoup lu à ce sujet. Ils disaient que c’était la plus belle maladie au monde mais je ne le voyais pas de la même façon. Ethan était étrange et magnifique à la fois. Je rôdais autour depuis des années mais il ne daignait pas me regarder, malgré mes efforts et mes sourires. Il n’avait d’yeux que pour sa stupide sœur. J’avais tout à coup été prise dans mon propre jeu, allant jusqu’à enfreindre la première règle de base : Pas de quartier. Je n’étais absolument pas ce genre de fille dégoulinante. Cette faiblesse me répugnait au plus haut point. C’était certainement pour cette raison que j’avais pris les devants encore une fois. Cette fille mourra s’il le faut !

Elle n’est pas encore morte.

Ces mots m’avaient échappés avec toute la simplicité du monde. Je m'étais posté dans son dos pince, sans aucune émotion. Je me retournais lentement, et c’est là qu’il me regarda. Pour la première fois ses magnifiques yeux océan avaient rencontrés les miens. Ma panthère gargouilla dans mon estomac, puis je sentis une légère pression au creux de mes reins. Mon souffle devint haché, comme lors de mes mutations incontrôlées. La passion était fortuite, mais si délectable et fabuleuse. Je papillonnai des yeux telle une petite chipie.

J’aurais dû te la prendre plus tôt. Si tu veux la voire, tu devras me donner ton cœur.

Je le suspectais d’être un malade, mais lorsqu’il pointa une lame sur sa poitrine gauche un rire cristallin m’échappa. J’étais décidément conquise, même par ses actes les plus stupides.

Aimes-moi. Moi seule.