Sara & Mavrick

J’avais beaucoup trop de pression à gérer, entre mon dédain pour les garous et mon obligation de vivre parmi les rats, je n’étais vraiment pas gâté. Je m’aventurais dans le quartier luxueux des loups tout essayant de faire le vide. Rien n’y faisait. J’avais beau penser à autre chose, les images macabres de mes mutations revenaient au galop ; plus sanglantes et effrayantes encore que dans la réalité. Je crois que l’imagination de la bête qui sommeillait en moi amplifiait les choses pour me punir de lui résister sans cesse. Je soupirai d’exaspération. Je devenais parano à voire le mal partout. J’enfouis les mains dans les poches de ma veste en cuir. Cet endroit me filait la chaire de poule. J’accélérai le pas en prenant une ruelle sombre et un peu trop silencieuse à mon gout. J’entendais presque le rythme saccadé de mon cœur qui battait la chamade. La peur se faufilait peu à peu en moi, serrant sa prise sur mes entrailles et mon estomac. Je me crispai tout en accélérant le pas. Je ne sais pas comment mais j’avais finis au PACH NYC. Le quartier de la débauche par excellence, où du moins de ce que j’en savais. J’épiai les lieux du regard, et ce n’était vraiment pas réconfortant de sentir toutes les ondes sexuelles et incubes qui trainaient un peu partout. Morgan ne serait pas content de me voire roder dans le coin sans protection, et je devais avouer que j’aurais préféré qu’il soit là malgré toute la répulsion que je pouvais ressentir envers lui.

L’obscurité obscurcissait ma vue, je ne voyais presque rien. Des pensées étrangères agitaient mon esprit comme des menaces de mort, et je devais avouer que cela ne me disait rien qui vaille. Je tentai de contenir mes émotions mais les sifflotements du rat dans ma tête ne m’aidaient pas beaucoup. J’entendais les bruits de pas un peu partout autour de moi. Je sursautai au moindre bruit. Super la discrétion ! Je déglutis en rentrant dans un pub au hasard. A peine entrée que le bruit de la musique un poil trop fort, vint persécuter mes tympans. J’en avais le tournis. Merda ! J’avais décidément perdu l’habitude de ce genre d’endroit. M’enfin, même en étant humaine je ne côtoyais que très peu le monde de la nuit. J’aurais d’ailleurs dû m’y tenir, peut-être que si je n’avais pas veillé aussi tard sur mon foutu exposé … Je serais toujours une simple étudiante. Mais bon ça c’était du passé. Aussi passé que le jeune homme que je voyais en face de moi … Mon sang se glaça. Je clignai des yeux plusieurs fois, comme pour réalisé qu’il était réellement là, que ce n’était pas un effet de mon imagination.

« Mavrick … » Balbutiai-je à quelques centimètres de lui.

Je ne gardais pas de très bon souvenir de notre dernière rencontre. Le jeune homme, un poil trop impulsif et incontrôlable, avait fini par me taper avant de disparaitre comme un malpropre. Chose qu’il était. Mais bon, je n’allais pas me plaindre, je l’avais bien cherché. J’avais côtoyé un diable, croyant dur comme fer que c’était quelqu’un de bien. J’étais trop jeune à l’époque. Trop attachée, voire amoureuse. Je déglutis, ma salive avait un arrière gout acide, pareil au sang coagulé. Je l’avais cherché comme une folle à l'époque sans jamais pouvoir retrouver sa trace et voilà, que là … Il était en face de moi. C’était dingue ! Ma bouche était sèche de mots que je ne savais prononcer. Je pris une chaise dans la comptoir à ses cotés et commandai un verre au hasard. Je n’étais pas spécialement friande d’alcool mais je me laissais facilement tenter ce soir.

« Tu es en liberté conditionnel ? » Grinçai-je d’un air désagréable. « Où tu as peut-être frappé le juge pour sortir … »

Je n’étais pas une personne qui laissait passer les injustices.
Je ne me souvenais que trop bien de notre dernière dispute, de moi tentant de le retenir … Le poing était parti tout seul et je n’avais réalisé ce qui c’était passé qu’une fois le sang sur mes vêtements. La porte avait claquée et je m’étais levée, abasourdie. J’avais ôté mon chemisier et l’avait frotté au savon liquide pendant des heures. Malheureusement pour moi, le choc n’était pas parti avec les tâches et j’avais ruminé ma peine des mois après. Je refusais la proximité du sexe opposé, et aujourd’hui encore j’avais du mal à faire confiance à Morgan.

J’aurai aimé ne plus être ce genre de personne mais c’était si dur. Avez déjà aimé quelqu’un si fort que cela vous brisait les cotes tellement votre cœur s’affolait ? Avez-vous déjà aimé quelqu’un au point de tout perdre ? Pas seulement l’expression. Mais vraiment tout perdre. Après le départ de Mavrick je m’étais renfermée dans une bulle de lassitude, je trimbalais un nuage gris au dessus de ma tête et je me tuais au travail. Je bossais jour et nuit sur des projets qui n’étaient même pas inscrit sur le programme scolaire. J’avais bossé jusqu’à très tard ce soir là aussi ...

Je faisais facilement le lien entre mon agression/ transformation et mon premier amour. Je souris, blasée. Ma pauvre Sara tu es pathétique à chercher désespérer à faire porter le chapeau à quelqu’un. Je rendais tout le monde coupable mais cela ne changeait rien ; et j’étais toujours un rat. Je bu mon verre de vodka d'une traite. Le liquide brûlait ma gorge et mon oesophage mais ce n'était rien comparé à la proximité du jeune homme. Je le fixai d'un air dégagé.

La nuit. Le moment le plus dangereux de la journée. C’était le moment où toutes les forces du chaos semblaient de réunir pour faire régner terreur et désolation. Je détestais la tournure que ce monde avait prit, j’en voulais à la vie entière pour faire de ma vie un enfer. Toute ma jeunesse avait été simplement terrible, je voulais tellement m’en sortir, mais pour le moment je n’en voyais pas l’utilité. À quoi sers de vivre dans ce monde qui ne me plait pas le moins du monde. Ce soir, j’avais envie d’oublier ce pour quoi j’étais encore en vie, pourquoi j’étais encore en train d’errer sur cette terre. La seule chose qui me faisait réellement du bien, c’était de pouvoir jouer de la musique. La guitare avait un effet bénéfique sur moi, c’était incomparable et j’étais maintenant incapable de m’en passer. Ce soir, je me sentais fébrile. J’avais des souvenirs plein la tête et j’avais besoin de les oublier plus que tout au monde. J’enfilais un simple jeans, un t-shirt blanc qui moulaient les muscles saillants de mon ventre et des chaussures noires. J’arpentais les rues trop silencieuses de la ville des lumières, je marchais laissant le vent se percuter contre ma peau. Je laissais l’écho de mes pas résonner dans les ruelles avant de finalement trouver un endroit, peu m’importait son ambiance. J’avais juste besoin d’y allez et de boire. Je poussais la porte pour me diriger vers le bar. Je ne prenais pas la peine de regarder ce qui m’entourait, je savais ce que je voulais et ma compagne de ce soir était la boisson. C’est rare que je me sentais de la sorte, mais quand j’étais comme cela, ça n’augurait rien de bon.

J’allais d’un pas rapide vers le bar, je ne voyais même pas Sara. Un ex avec qui j’avais été quelques années plus tôt. Je me demandais encore ce que je faisais avec elle, pas qu’elle soit stupide ou autre chose, elle était jeune. Je l’avais aimé, à ma façon, parce que je pense que mon cœur n’est pas fait pour battre. Elle voyait des choses bonnes en moi alors que moi-même je ne les voyais. Je m’étais laissé enivrer par sa douceur, elle était le contraire de moi et encore aujourd’hui, je m’en voulais d’avoir agi de la sorte avec elle. Elle n’avait pas mérité ce que j’avais fait et elle était bien la seule la me procurer des remords. Je ne l’avais jamais revu, après avoir la main sur elle. J’étais partie comme un voleur, sans ne jamais demander de nouvelle. Je ne sais même pas pourquoi je pensais à elle. Alors que je marchais, sa voix me parvint et je ne pus m’empêcher de poser mon regard sur elle. Je ne m’attendais pas du tout à la voir ici, surtout quand j’étais en train de penser à elle. « -Sara…Qu’est-ce que tu fais ici?» J’avais envie de partir, encore une fois, mais je me disais que je ne pouvais pas lui faire cela une deuxième fois. Je me dirigeais donc vers le bar, elle me suivait, et je me posais contre un tabouret. Je me commandais quelque chose à boire, quelque chose de fort. Je me sentais mal, je ne lui dirai surement jamais, mais je n’étais pas non plus un imbécile. Ce que j’avais fait, était stupide et je l’avais aimé du mieux que je pouvais le faire à cette époque. Je buvais ma consommation d’une traite alors que je faisais tourner mon tabouret pour lui faire face. Mon sang bouillait dans mes veines, je n’aimais pas me faire parler de la sorte, mais je devais me contrôler. Je serrais les dents pendant un moment alors que je me penchais un peu vers elle. « -Je n’ai jamais été en prison de toute façon et puis.. Tu savais très bien dans quoi tu t’embarquais. Je suis loin d’être un saint, je te l’ai dit à maintes reprises. Ca na pas changer, je n’avais rien de bon à t’apporter de toute façon. C’est peut-être mieux ainsi non? Tu dois t’être trouvé un prince charmant maintenant non?»

Je plantais mon regard bleu dans le sien alors que je lui murmurais ces quelques mots, ça faisait des années et elle avait bien pris de la maturité. Elle avait changé. La miss était bien plus séduisante que dans mes lointains souvenirs. Je faisais un signe au serveur de m’apporter la même chose avant de détourner mon regard et de le poser devant moi. Je ne sortais jamais sans armes, mais ça, elle ne pouvait pas les voir. Ma voix se faisait entendre une fois de plus, mais je remettais de la distance entre nous. Sara avait toujours été belle et elle l’était encore. Il vaut mieux ne pas tenter le diable. « -Qu’est-ce que tu me veux Sara. Si tu veux ressasser le passé, vas-y. Je t’écoute. Si ça peut te faire le moindre bien alors tant mieux pour toi.» C’était dur d’être gentil, je ne l’avais jamais réellement été pour plusieurs raisons que je ne lui avais jamais réellement avouées. Je soupirais en reprenant ma nouvelle commande entre mes doigts pour poser le verre contre mes lèvres. Je n’avais pas envie de me battre, pas ce soir, mais j’étais incapable de montrer de la gentillesse. Pourtant, je le voulais. « -Je n’aurai pas dû lever la main sur toi, mais je n’y peux rien. Je n’ai pas changé et je suis inchangeable. Tu n’avais rien à faire avec quelqu’un comme moi. Petite perle. » Je l’appelais comme ça autre fois, je le pensais, petite perle fragile. C’est ce qu’elle était. Je tournais la tête pour poser mon regard dans le sien, les derniers mots étaient un murmure. C’était un étrange élan de gentillesse de ma part, je ne savais pas comment me comporter.

Je retins mon souffle.

Bon sang !

J’avais l’impression de vivre la scène ultime d’un film d’action. Des notes musicales emplissaient ma tête comme une bande annonce entrainante. J’entendais des archets de violons se frotter contre des cordes finement étirées, des tambours craquer sous le poids les percussions. Je déglutis en lançant un regard au coin à Mavrick. Il était tel que dans mes souvenirs, affreusement séduisant et pourri jusqu’à la moelle. Son charme était éblouissant presque aveuglant. Où étais-ce l’attirance des rats pour les choses brillantes qui lui donnait cet effet à mes yeux ? Je serrai les poings. Il n’avait pas changé, en tout cas c’est ce que je ressentais au fond de moi. Sa voix était toujours aussi désagréable et son ton hautain, malgré ses efforts de gentillesses. Je pouvais le voire, que j’avais droit à un traitement de faveur. Et bon Dieu que cela me donnait l’air misérable ! Je n’étais pas une gamine fragile bon Dieu ! En tout cas je travaillais assez durement pour le changer. Ma bête se crispa en moi, surprise par tous ces flots de haine et de colère qu’il y avait en moi. Je n’avais encore jamais été aussi émotive à cause d’un homme, et même après tout ce temps il arrivait encore à me faire perdre mes moyens. Je claquai des dents en commandant la bouteille entière. Il allait me falloir beaucoup plus que quelques shots !

« Depuis quand te soucies-tu de ce qui est bien pour les autres Rick ? » Un sourire dément se traça sur mon visage angélique. Je n’aurais jamais osé lui parler ainsi à l’époque. Je suppose que ma bête me donnait plus d’assurance, où bien j’étais devenue plus mûr. Mon regard malicieux croisa le sien durant une fraction de seconde, assez longtemps pour réalise que je n’étais plus une enfant. En tout cas je l’espérais. « J’ai trouvé bien mieux qu’un prince charmant. » Ricanai-je en pensant à l’Alpha des rats. J’avais du mal à voire Morgan sur un destrier blanc, mais son rang était définitivement royale. Certes, je n’étais pas la compagne qu’il lui fallait mais je le tenais quand même. Le serveur hésita à poser la bouteille sur le comptoir, mais je lui souris d’un air carnassier, dévoilant la pointe de mes canines de monstre. Ce n’était vraiment pas le moment, ni le lieu pour jouer avec moi !

Mavrick semblait tout aussi surpris que moi par la tournure qu’avait pris notre rencontre. IL y a quelques mois encore je serais mal vu siroter quelques verres calmement avec mon ex violent, mais voilà que j’étais prête à m'en tenir à quelques sous entendus grincheux. Pas mal ! Un éclat de rire enfantin m’échappa quand il tenta de parler de ‘notre rupture’, ainsi croyait-il que je lui en voulais encore. Eh bien ce n’était pas le cas, en tout cas pas totalement. J’étais tout simplement haineuse envers ce foutu destin qui avait fait de moi un rongeur hideux et répugnant. J’avais d’autres soucis que les amourettes passées d’une gamine pré-pubaire. Pourtant je ne lui pardonnais pas complètement. C’était étrange et si contradictoire !

« Tu crois que je veux en parler maintenant ? » Sifflai-je en buvant cul sec mon seconde verre. « Je me suis fait tabasser tellement d’autres fois après ça que vois – tu … Tu en as perdu toute originalité à mes yeux. »
Ce n’était pas une blague. J’émis un rire sans joie.

Moi ? Blasée ? Juste légèrement dépassée par les événements.

Je me raclai la gorge en sentant le liquide fort me léser les muqueuses laryngée.

Je n’étais vraiment pas habituée à ce genre de soirée arrosée. Mais on s’en fout de ça.

« Ne te sens pas coupable envers moi. Tu n’as pas été celui qui m’a fait le plus mal … »

Je faisais référence à la nuit de ma transformation. A mes agresseurs dont je ne me rappelais plus du visage, des coups de poings et de machette puis à la morsure salvatrice du rat. Il m’avait sauvé la vie et à quel prix !

La musique retentit à nouveau, mais ce n’était pas dans ma tête cette fois. Le son entraînant faisait valser mes pieds, et je devais avouer que l’effet de l’alcool m’était déjà monté au cerveau. Je me sentais planer dans une autre dimension où toutes les choses au monde, même les plus cruelles et les plus révoltantes, devenaient banales. J’étais un garou, et alors ? Je devenais moche et je ne contrôlais pas mes transformations? Tant mieux ! Mon ex, qui m’avait fracturé la mandibule était en face de moi ? Dansons ! Je me levai jovialement en lui tendant ma main fine.

« C’est ma chanson, tu n’entends pas ? Ils disent Sara dans les paroles … » Eclatais-je de rire. « Tu viens ? » Proposai-je en commençant à me déhancher. « Pour faire plaisir à la petite perle. »

Je ne savais pas à quoi je jouais. Et je ne voulais pas trop y penser.

Je crois, que je tentais de me réconcilier avec mon passé.

Mavrick, m’as-tu seulement aimé un jour ?

En venant ici, s’il y avait bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas c’était de ton sur elle. Sara. Elle avait tellement changé et je ne sais pas si j’aimais cette personne ou chose qu’elle était devenue. Je ne savais pas ce qui s’était passé, mais j’allais surement finir par le savoir à un moment ou un autre. Je restais assis sur mon tabouret, sans vraiment prendre la peine de la regarder. J’avais déjà assez de l’entendre. Je pouvais sentir la haine en elle, ce qui n’avait pas pour effet de calmer la mienne, surtout pas ce soir. Après avoir bu mon verre d'un trait, je m’en commandais un autre de suite que j’attrapais entre mes doigts. Je sentais la haine dans ses paroles, mais je ne savais pas si elle était seulement dirigée vers moi ou vers autre chose. Je tournais un peu la tête pour l’observer. Elle avait tellement changé. Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver? Tous ces changements n’auguraient rien de bon et réveillaient mon esprit de chasseur. Je commençais à me poser des questions sur ce qu’elle était, ce qu’elle avait pu devenir. J’entendais le mépris dans sa voix alors que je ne quittais pas mon regard de son visage. Je posais le verre contre mes lèvres pour en prendre une nouvelle gorgée. Je n’avais peut-être pas changé, j’étais le même, vicieux, dangereux, je ne pouvais rien apporter de bon à qui que ce soit. Je passais les doigts dans ma barbe naissante alors que je finissais par directement me tourner pour lui faire fasse. Si elle me voyait comme un salaud, alors autant entretenir le mythe et arrêter de m’en vouloir pour ce que je lui ai fait. Elle était bien la seule à pouvoir retirer quelque chose de moi, mais à force, ça allait changer. « -Tu as raison Sara. Je n’en ai rien à faire. » Je soupirais pendant un moment, je ne bougeais pas de ma place et je buvais une autre longue gorgée de mon verre. À bien l’observer, je voyais bien que quelque chose avait changé en elle. Était-elle un monstre? Plus elle parlait, plus je plaçais cette possibilité en premier plan. Un rire de ma part alors qu’elle m’avouait qu’elle avait trouvé bien mieux qu’un prince charmant. Tant mieux pour elle. Elle tentait de me prouver quoi au juste? Parce que je ne pense pas que ça fonctionnait. Elle m’attirait, comme elle me laissait totalement indifférent. J’avais l’impression qu’elle voulait trop en faire et ça me dérangeait. « -Mon but n’était pas d’être original et arrête de me provoquer comme ça. Je ne sais pas ce que tu cherches à faire, mais ça ne fonctionne pas du tout. »

J’avais plutôt envie de lui coller une balle entre les deux yeux. Moi et la patience, nous n’étions pas intimement reliés et en ce moment, elle me tapait un peu sur le système. Elle se pensait meilleure que moi? Alors tant mieux. Si je ne devais pas me sentir coupable, alors je ne le serais plus, elle ne me le dira pas deux fois. Plus elle parlait, plus je la trouvais étrange et plus elle me faisait penser à un monstre. Je voulais savoir, par curiosité, mais en même temps, je ne voulais pas savoir parce que j’allais avoir envie de lui couper la tête. Je fronçais les sourcils alors qu’elle me demandait de danser avec elle. C’est qu’elle était bipolaire ou quoi? À un moment elle me lançait des pics sur notre passé, ensuite elle me disait que je n’étais as original et après elle me demandait de danser. Je me demandais bien ce qu’il y avait dans son verre. Je finis par me lever et glisser ma main dans le creux de son dos pour presser son corps contre le mien. Aucune délicatesse dans mes gestes, je ne l’avais jamais été de toute façon. Mon corps se pressait contre le sien alors que je penchais la tête pour l’observer. J’étais en train de l’analyser. C’est exactement ce que je faisais. Nous étions collés l’un contre l’eau et elle pouvait sentir mon souffle se perdre contre son visage, il avait l’odeur de l’alcool. Ma main, qui se trouvait dans le bas de son dos, exerçait une pression pour qu’elle reste collée contre moi. Danser. Je n’aimais pas réellement ça, même si j’étais amplement capable de le faire. Mon autre main venait se perdre sur sa joue et se glissait sur sa nuque, je lui penchais légèrement la tête vers l’arrière pour planter mon regard bleu acier dans le sien. « -Qu’est-ce que tu es au juste Sara? Tu n’es plus la même, je le sais très bien, alors ça ne vaut pas la peine de me le cacher. » Je murmurais et mon souffle venait se perdre contre ses lèvres. J’avais de gros doutes, mais j’avais besoin d’une confirmation. Je ne la lâchais pas, laissant son petit corps onduler contre le mien.

La musique était forte et entrainante. Je ne prêtais que trop peu attention aux paroles de Mavrick. Tout ce qui sortait de sa bouche n’avait pas d’importance à mes yeux. En tout cas pour le moment. J’étais un peu ailleurs. Je crois même que je planais. Je me tortillai comme une furie, me collant à lui sans aucune gêne. Il m’avait déjà vu dans tous mes états de toute façon. Mon sourire d’allumée avait quelque chose de carnassier que je n’essayais même pas de cacher. Non pas par fierté, mais par incapacité. J’étais un rat-garou très nul, pour tout vous dire. J’éclatai d’un rire sonore en me pendant au cou du jeune brun. Je jouais décidément avec le feu. Je partais et revenais sans réaliser la stupidité de mes actes.

« Tu me dois tellement de choses … » Soufflai-je en posant furtivement mes lèvres sur les siennes. C’était trop bref pour être un baiser, mais assez intense pour que j’en ai la tête qui tourne. L’effet de l’alcool amplifiait tous mes sens. La piste de danse tournait, et les gens étaient en parfaite harmonie avec les battements de mon cœur effréné. Je plongeai mes yeux dans son regard océan. Il n’avait pas changé et je devais avouer que j’étais toujours aussi tenté par le diable. Je rigolai bêtement. Je devais me clamer là. L’alcool, ce n’est vraiment pas fait pour moi !

« Je suis … »

Je clignai des yeux en le tirant à l’écart. L’air me manquait, mais je ne me sentais pas en déficit. Des pensées hilarantes flottaient tout autour de moi, m’inspirant des sensations fortes. Je plaquai mes deux mains sur sa poitrine.

« Je suis shooté à l’extase. » Mentis-je.

Je lui dévoilai un tout autre aspect de ma personnalité. Je pouffai de rire en tombant littéralement sur lui. Je ne voulais pas être rentre dedans mais mes gestes me dépassaient légèrement. La bête me sifflait des mots que je ne comprenais pas. Je me tins la tête. C’était une idée de génie de venir ici ! Vraiment !

« Mavrick, tu veux bien m’assoir. Je crois que ma bête ne tient pas beaucoup l’alcool. » Lui avouai-je comme si je lui parlais de la pluie et du beau temps. « Puis ne fais pas cette tête, tu n’avais qu’à être là … Je t’en aurais parlé avant ! »

Ça n’avait rien d’un reproche. Mais c’était sorti tout seul. Je souris en lui dévoilant mon visage en pleine transformation. Mes yeux chocolat se voilèrent d’un rideau noir opaque alors que mes dents incisives perçaient mes gencives rosées. Je sentais le goût de mon propre sang me piquer la gorge. Ce n’était pas très différent de l’alcool tout compte fait. J’émis un grognement en sentant mes dents devenir plus proéminentes. Aoutch, je crois bien que c’est le moment de bloquer la mutation. Mais je n’y arrivais pas. Je lançai un regard plein de détresse à mon ex.

« Magnifique retrouvailles ! » Lançai-je avant d’éclater de rire.

La situation n’était pas loquace, je devais l’avouer. Mais ma peur me poussait à en rire plutôt qu’à en pleurer. Je serrai les dents en refoulant mon rat.


* J'avoue que j'ai fais mieux, mais en ce moment ... M'enfin. Je m'excuse de la qualité du RP.

Je n’aimais pas danser, mais j’aimais sentir le corps de Sara se coller contre le mien. J’avais glissé ma main dans le bas de ses reins et je le tenais contre moi alors qu’elle dansait. Je dansais, sur place, sans me laisser allez autant qu’elle. Je n’aimais pas trop danser alors je n’allais pas me déhancher comme un fou. Danser c’était un trac de femme. Je le laissais faire, elle se pendait à mon cou, je laissais ma main glisser dans les courbes de son dos, glissant dans ses reins, sur le haut de ses fesses. Ce qu’elle me dit me faisait sourire. Je ne lui devais rien. Elle avait quoi en tête au juste. Elle était étrange, elle ne semblait pas dans son assiette. Elle n’avait pas bu tant que cela non plus. « -Je te dois quoi au juste parce que je ne vos pas du tout.»

Je la suivais dans un coin un peu plus éloigné du bar. Je laissais mon regard planer sur elle, je l’observais et je restais de marbre devant sa folie. Ses mains se plaquaient sur mon torse alors que je l’attrapais par les épaules pour la retenir. Elle bougeait dans tous les sens, je ne sais pas ce qu’elle avait. Je fronçais les sourcils alors que je la prenais dans mes bras pour l’amener dehors. Le vent froid venait se percuter sur nous, mais être seul était surement la meilleure chose pour elle. La porte, je la poussais d’un coup de pied alors que je me dirigeais vers un banc qui se trouvait beaucoup plus loin de cette boîte de nuit. Je la posais sur le banc alors que je restais debout devant elle. « -Mais Sara. T’es folle ou quoi. Tu dis et tu fais n’importe quoi. Calme-toi un peu. C’est moi qui lui disais qu’elle était folle? Je n’étais pas mieux qu’elle, mais en ce moment, elle m’apparaissait étrange. Je restais d’un calme de marbre, j’étais debout devant elle alors qu’elle semblait se perdre en plein délire. Je ne savais pas exactement quoi faire avec elle. Elle était un monstre, oui, certes, mais je n’avais pas plus envie de la tuer. Je voulais qu’elle se calme, qu’elle calme cette euphorie qui semblait prendre place en elle. La demoiselle mutait devant mes yeux et à ce moment, je me disais que j’avais bien fait de l’apporter ici. Nous étions tous les deux seuls dehors, personne pour venir nous déranger, pour la juger ou simplement pour la tuer. Je restais silencieux alors que je voyais ses dents prendre place entre ses lèvres. Je levais mes mains pour les poser contre ses joues et je posais mon regard dans le sien. « -Mais merde Sara, tu vas te calmer oui. Pourquoi tu es aussi hystérique? Ça ne sert à rien que tu te transformes, reprend le dessus un peu, sinon ça va mal se finir et je n’en ai pas envie..»

Mes deux mains restaient posées contre ses joues alors que je ne détachais pas mon regard du sien. Je n’avais jamais été bon pour rassurer les gens, ni trouver les bons mots pour parler, mais je me doutais que quelque chose n’allait pas. Qu’est-ce que je pouvais réellement y changer? Je soupirais un moment alors que je retirais mes mains, mais je ne détournais pas le regard. « -Tu sais que je ne suis pas doué pour ce genre de situation, je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire pour te rassurer ou pour te calmer.» Qu’est-ce que je pouvais faire pour arrêter sa mutation. Rien. C’est elle qui devait faire cela. Je ne savais pas quoi faire, pas le moins du monde.