ALAM MIKHAÏL KNIGHT
Feat. Adam Gregory

(c) Cyrine.

« Je me suis perdu, Lyzie. Complètement. Ma mémoire n'a plus de sens, quand j'essaie de prendre les choses par le début, je me retrouve à l'opposé ou devant trop de choix à mon goût. Le début de quoi, hein ? »

Il la regarda calmement, le visage ne laissant paraitre aucun sentiment. Ni même son ton ne traduisait ce qui lui passait par la tête à la seconde. Insondable. Pourtant, il avait l'air si calme mais les propos qu'il tenait faisaient douter quant à sa paix intérieure. Étaient-ce les mots de quelqu'un d'apaisé ?

« Est-il normal pour un être... vivant ? » un sourire sarcastique vola sur ses lèvres. « Admettons. Est-il normal pour un être vivant d'avoir autant de fins que j'en ai connu ? Alors dis-moi, dis-moi de quelle fin et de quel début on parle, Lyzie ? Car ma mémoire m'a toujours fait défaut... »
« Pourquoi pas par celle de ton père ? » cracha-t-elle.

Il hocha la tête avec une moue approbatrice. Nullement blessé par l'allusion.

« Pourquoi pas... »

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

Mon cœur battait fort. Je faisais le vide dans ma tête et tentait de regagner le contrôle qui allait m'échapper. Cela faisait quatre ans que je n'avais vraiment plus une seule fois foulé le sol de Detroit. Pourquoi Lyzie avait-elle insisté pour y venir ? Elle avait toujours dit que cette ville n'était qu'un trou où la pègre du monde allait se paumer. J'inspirais difficilement cet air familier que je n'arrivais pas vraiment à identifier. Mes souvenirs de ce lieu étaient flous...

'J'ai quelque chose à faire là-bas'. Avait-elle lancé et je me souviens avoir eu les poils des avant-bras qui s'étaient hérissés. Son regard était froid, ce depuis qu'elle me connaissait, mais son ton avait toujours été caressant. Elle avait besoin de moi, je le savais, mais j'ignorais pourquoi. Pour ma capacité à lire sur les visages ? Pour mon intuition ? Pour ma colère depuis la perte de ma mère ? Peut-être parce que j'avais une force plus importante que la moyenne des jeunes ? Pour la faiblesse qu'était d'être seul à huit ans dans une forêt ? Parce que peut-être, être le fils du chef de meute était intéressant pour elle ? C'est ce que je m'étais imaginé du haut de mes 14 ans désormais et me fichant bien de ce qu'il pouvait m'arriver à cette époque, jamais je ne m'étais opposé à elle. J'aurais pu n'en faire qu'une bouchée, même jeune et frêle, je le savais aujourd'hui...

Mais en voyant son sourire ironique en quittant l'appartement que j'avais réussit à obtenir, je compris qu'elle se moquait de moi. Mon instinct à toujours été celui d'un loup. Je n'ai jamais été très communautaire mais plutôt du genre à avancer solo. Donc personne ne me demanda des comptes quand je partis sur ses talons, demandant aux occupants de quitter les lieux avant minuit, cette nuit. Elle savait pertinemment que j'allais la suivre, et ça qui la faisait sourire.
Très vite, cet odeur, celle de Detroit. L'odeur du passé. Je tentais d'ignorer le souvenir douloureux de ma défunte mère, tuer par notre faute, mon père et moi. Depuis que j'avais fuit Detroit, mon père y était resté mais me rendait visite. Je vivais avec Lyzie qui m'éduqua comme une mère. Mais je vous l'ai dit, ce regard froid... ce ton caressant. Ce n'était pas naturel.
J'avalai difficilement ma salive en me rendant compte que la nuit tombait. Ce soir était la pleine lune... Que lui prenait-il de vouloir sortir dans cet endroit qu'elle disait infâme un soir où le pire arriverait rapidement ? Elle allait voir mon père en plus.

« Alam... C'est la deuxième chance que je te laisse, il n'y en aura pas trois : rentre... »

Bordel, c'était quoi cette comédie ? Je n'allais pas partir et ça lui faisait plaisir d'avoir l'impression de m'en donner une. Je vis encore son sourire ironique trôner... Si sombre et si belle à la fois. Le regard terne, je l'observais et attendait qu'elle continue son chemin, ce qu'elle fit. Je la suivais aussitôt, mon cœur s'emballant encore plus. Rien à voir avec l'émoi d'un ado admiratif ou attiré par une femme plus âgée, non, j'étais paniqué. Le ciel orangé prendrait bientôt la couleur du néant et l'objet de mes craintes me ferait perdre tout le contrôle que j'avais en apparaissant.

Je ne reniflais avec dédain en voyant d'autres personnes avancer au même endroit. Bientôt, mon père en faisait partie. Je devinais une tension sur son visage qui se figea en me voyant.

« Bordel Lyzie, pourquoi tu l'as amené là ? Tu cherches à faire quoi au juste ? A me rendre dingue. »
« Il est venu tout seul, je lui ai dit de partir mais il n'entendait rien. »
« Tu aurais dû rentrer alors ! Je me fiche de ta petite vengeance contre eux. Je t'ai demandé de surveiller Alam. »
« Je suis désolée... Mais Liam, il est trop tard pour repartir, ça va les alerter. »
« De qui vous parlez ? »

Mon père, Liam, me dévisagea et fit volte-face. Un homme déboula alors et commença à crier que ils étaient là. Je cherchais aussitôt le visage de Lyzie qui était sérieux et ferme. Elle me saisit le bras comme si j'étais un sale gosse qui avait volé une pomme. Elle me tira jusqu'à mon père qui la conjura de me cacher. Elle hocha la tête et me fit filer.

« Tant que la lune n'apparait pas, nous avons du temps. »
« Que se passe-t-il ? »
« Une descente de Hunters et un bel affrontement se prépare mon grand. »

Je déglutis. Je n'avais que 14 ans et je savais parfaitement ce que ça impliquait. Mon cœur se serra davantage alors que les images de ma mère, morte, me revenait à l'esprit. Je voulais fuit encore, comme à cette époque, partir loin de Detroit et merde aux Hunters. Je n'étais pas encore un animal, je refusais d'en être un. Je voulais être comme mon père, faire ce qui était indispensable et me contrôler un jour.

Lyzie ricana soudainement et ouvrit une fenêtre de la cave où l'on se trouvait. Elle donnait sur l'extérieur, la rue principale. Les feux atteignirent mes oreilles et je plissais des yeux : un échos encore à ce souvenir douloureux. Elle me saisit par le col et m'amena à la fenêtre et ricana amèrement.

« Tu as peur pour lui ? Regarde-le, une vraie bête ! Il se jette sur eux et les ouvre en deux d'un coup de griffes ou de mâchoire. Tu as peur pour lui ? Tss... »

Je la regardais interloqué. Il lui prenait quoi d'un coup ? Elle m'entraina à nouveau dehors et ma panique laissa échapper un grognement brusque, je la griffais alors et agrippai son bras pour qu'elle me lâche. Mais Lyzie ne me regardait pas, elle observait la masse qu'était devenu mon père. Un regard emplit de défi et elle continuait à me décrire avec le plus grand dégoût ses actes. Je bouchai alors mes oreilles d'un coup : je me fichais pas mal de ça. Je ne voulais rien savoir. Mon père n'était pas qu'un être à la solde d'un animal intérieur. Non.
Les Hunters semblaient avoir bien préparé leur coup, c'était une tuerie. Ils étaient trop préparé, c'en était presque louche.

« On va mourir ensemble. Mais on va mourir. Lui, toi... moi. »
« TAIS-TOI ! T'as fini de dire ça ? Partons d'ici, les armes ne sont pas égales. Comment ont-ils su pour nous ? Non... ça ne sent pas bon, dégageons Lyzie. »
« Tu ne comprends pas... ça devait arriver. »

Je fronçai les sourcils mais je fus plus interpelé par le rouge du ciel. Le soleil allait se coucher bientôt et là, ceux qui ne s'étaient pas encore révélé se transformeraient bientôt. Moi aussi. Et elle avait certainement raison, ça ferait notre perte à nous deux, de nous transformer brutalement. Cela agacerait les Hunters et ils n'auraient aucune pitié.

Elle croisa le regard de mon père qui avait récupéré sa forme et elle hocha la tête, pourtant, que fallait-il comprendre ? Quand elle baissa la tête, elle souriait et je me demandais si la folie l'avait atteinte. Ou si...
Le reste fut d'un flou. Les humains s'agitaient, craignant la lune autant que moi. On courrait dans une ruelle qui ne menait nulle part, on entra dans le premier bâtiment qu'on trouva, mon père sur les talons en fureur. Là où l'on était, des superstitieux nous attendaient.

« C'est toi hein ? »
« Bien-sûr que c'est moi... Alors, tellement abrutit une fois transformé que tu en oublies tes victimes Liam ? Moi, je ne t'ai pas oublié. »
« Et Alam, c'est juste pour t'amuser ? »
« Tu as tué mon frère, je te prends ton fils... Mais j'ai préféré lui montrer quel monstre tu étais avant. Quel monstre il sera toute sa vie. Alam, je te sauve cette nuit, tu verras, tu n'auras plus à te nourrir de sang mon petit. » Elle sourit « La pleine lune va tomber sur nos têtes. Nous nous transformerons, nous trois, et ce sera la fin. »

Mes dernières transformations avaient été terribles. Je ne contrôlais tellement rien que j'avais plusieurs blessé Lyzie. Des frissons me secouaient. J'entendais le bruit de pas ; les Hunters. On mourrait tous, c'était certain...

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

« Et il est MORT~! » Hurla-t-elle comme une folle en riant.
« Mais j'ai survécu... » soufflai-je.
« Moi aussi. Et j'ai aimé savoir que tu te morfondrais en sachant quel monstre tu étais. »
« Tu me pensais mort, Lyzie... »
« Qu'importe, c'est encore mieux. Tu porteras pour toujours le poids de la mort de tes parents. C'est par ta faute que je l'ai atteint. Bon, pas réellement, mais n'empêche qu'il a cherché à te protéger, comme ta mère. Et comme elle, ça l'a tué. »
« La réalité, pour la mort de mon père, c'est que tu l'as tué Lyzie. J'ai arrêté de croire que c'était de ma faute. »
« Mais c'est qu'il a retrouvé sa mémoire ! Ceci dit, pour ta mère, elle... » elle ricana encore

Je fermai mes yeux et me mordis les lèvres calmement.

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

Ma mère était magnifique. Si belle, si souriante, si drôle. Elle m'aimait beaucoup. C'était une policière pourtant, elle qui semblait si fragile. Je ne sais pas comment elle a tenu le cap en apprenant que mon père était une bête à moitié. Selon Liam, elle en avait plaisanté - après le choc et l'horreur - en faisant allusion à la Belle et la Bête. Mais c'était dur pour elle, sachant son métier : elle protégeait les gens et mon père était une menace pour eux.

Mon père avait un don pour s'attirer les foudres des autres garous du coin. Mais aussi, ses victimes avaient tendance à vouloir se venger de lui en permanence. Ma mère fermait les yeux, comprenant que ce n'était pas de sa faute mais tentait d'éviter les problèmes. Je ne comprenais pas comment ce couple pouvait tenir sincèrement. Ma mère devait l'aimer énormément. Une fois par mois, lors de la pleine lune, elle acceptait de rentrer chez sa mère pour l'éviter, pour ne rien risquer. Elle acceptait ça...

Et cela finit par lui faire du mal.
Un jour, je jouais dans le salon, m'amusant comme je pouvais à huit ans. Mon père devait rentrer dans peu de temps. Je levai la tête soudainement et fronçai des sourcils. Quelque chose clochait.

« Maman, il y a quelque chose... »

J'eus le temps de voir son visage devenir sérieux avant qu'elle ne me prenne par la main. Elle voulait m'emmener à la cave, comme à chaque fois qu'un truc arrivait. Mais dans le couloir, le canon d'une arme l'arrêta.
Nos sangs se glacèrent, je le sentis. Je savais ce qu'il pouvait se passer... Je cherchais désespérément le bruit des pas de mon père, le moteur de sa voiture ou quelque chose mais je peinais.

Ma mère me poussa gentiment vers la porte de sortie et j'y courrais. Mais avant ça, je me retournais, rassuré, ayant entendu les pas au loin de mon père, se précipitant. Mon sourire qui illuminait mes lèvres tomba au son des tirs. Son corps bascula lentement en arrière et elle heurta la sol. Dans mon dos, j'entendais la rage de mon père ronfler alors que j'observais ce corps inerte. Je pleurais, je pense bien. Cette vue m'horrifia tant que mon seul réflexe fut de fuir la maison comme elle m'avait dit de faire avant de tomber inerte.
J'allais faire comme si de rien était, comme si je ne m'étais pas retourné, comme si je ne savais pas ce qu'il s'était passé. Je ne me souviens pas combien de temps j'ai couru...

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

« Et puis tu m'as rencontrée, en fuyant ta mère tuée comme un monstre par des balles d'argent ! Tu t'es jeté dans mes bras à moi. Oui, moi, la si jolie louve hein ? »

J'inspirais fortement, tentant d'ignorer ses sarcasmes. Mes yeux brillaient soudainement et elle devina ma colère, ricanant à nouveau et faisant des yeux faussement doux. Je l'ignorais, je me fichais, elle pouvait se moquer, c'était risible oui.

« Mais je vais mettre une fin à tout ça. »
« Quoi ? Tu vas me tuer, Alam ? Mais vas-y, tu ne vas que perpétuer le cycle. Quelqu'un sera là pour se venger de tes agissements. »
« Il n'y aura en tout cas personne pour toi. Ton histoire s'arrête là Lyzie. Ta seconde vie a commencé par mon père et elle finira par moi-même. »

Inutile de vous conter le reste... Ce fut plus long que je ne l'aurais espéré et j'ai dû recourir à des moyens dont je ne suis pas fier. Et j'ai baladé sa tête découpé un petit moment...

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

J'ai une fois perdu la mémoire. Après la mort de mon père, lors de ma brusque transformation... Mais après avoir tué Lyzie, je devais faire le travail d'oubli sans aide de mon corps ou de mon cerveau. Au moins, depuis ma perte de mémoire, j'ai oublié la douleur et j'ai l'impression que ce qui s'est passé est arrivé à quelqu'un d'autre. Peut-être me suis-je abandonné au loup en moi... Peut-être...

J'ai choisi un endroit merveilleux - cernez l'ironie - pour recommencer ma vie : New-York. Après tout, je devais intégrer une nouvelle meute et celle de Detroit n'était plus. Enfin, on n'était qu'une poignée et je ne pouvais pas y retourner après ce qu'il s'était passé.
J'ai recommencé ma vie et je joue les humains normaux en faisant le gentil pompier. Des vies que je sauve pour celle que je prends peut-être.
Ma conscience me fait mal...

(c) Doomsday.

PRÉNOM/PSEUDO : Kiriss. ÂGE : 19 ans. COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : Callisto m'a filé le lien. PRÉSENCE : Hm, 5/7 sur le global. CODE : Ok by Nou'

Elea McCarthy a écrit:

En tout cas, je tiens a féliciter Callisto qui ramène des purs BEAU GOSSE sur le forum ! Moi jdis ça...

Caleb A. Cooper a écrit:

Elea McCarthy a écrit:

En tout cas, je tiens a féliciter Callisto qui ramène des purs BEAU GOSSE sur le forum ! Moi jdis ça...

Sympa pour ceux qui étaient déjà avant.
Je pue moi ? xD

Citation :

Pauvre Caleb, tu te sens menacé '-' ? Faut pas voyons, chacun de vous à une place bien spéciale dans nos coeurs. #SBAFF#