« Tu ne connaîtra rien du paradis, si tu n'as pas encore vu l'enfer. » Les derniers mots qu'elle répétait mainte et mainte fois, jours après jours, conquête et meurtre les uns-après-les-autres. Laissant le corps encore brûlant par tout le plaisir qu'elle lui avait offert avant de le laisser rejoindre l'au-delà, elle disparu nonchalant dans la pièce d'à côté, frottant les traces de son crime pour mieux recouvrir la paix avec elle-même, bien qu'elle ne faisait plus preuve d'humanité depuis des années maintenant. Mouchoir en main, elle frotta délicatement son visage tacheté de sang qui n'était pas le sien, rapportant quelques gouttes avec ses doigts sur sa langue qui fit frémir son corps de frêle jeune femme qu'elle n'était pourtant pas. Contrairement à certains Incube, elle s'était déjà établie une réputation de méchante qui lui collait à la peau, car son calme exaspérait, tout comme son cruel manque d'humanité, qui faisait d'elle une femme intolérante et prête à tout pour son propre plaisir charnel. Bien qu'il était tard dans la nuit, elle se remaquilla toujours avec cet air provoquant et serein qui cachait au fond une femme farouche qui attends vaillamment sa prochaine victime qui penserait être au porte du paradis pour retomber au fin fond des oubliettes de l'enfer. Revenant dans la chambre où elle avait abandonné le corps, elle posa son fessier suavement sur le bord du lit, regardant cet être qui n'était pas parfait. Qui était-il était la question qu'elle se posait toujours une fois qu'elle avait tué. Elle avait tout de suite su qu'il s'agissait d'un loup-garou, mais peut être avait-il de la famille, des enfants qui attendaient impatient le retour du père qui en roulant des épaules raconteraient le soir des histoires sur ses aventures. Malgré tout, aucune once de culpabilité ne se traduisit sur le visage de Hell qui posa simplement une couverture pour recouvrir le corps, au cas où si un employé assez sot rentrerait par surprise.

Se décidant enfin à quitter des yeux le corps qui la fascinait de moins en moins, comme à chaque personne tué, elle se rendit sur le balcon où l'air frais la fit frissonner, alors que son corps qui semblait si menu se mit à trembler, elle se pencha au bord. La chute ne serait pas mortelle, pourtant il y avait toujours cette peur de disparaître et de n'avoir servi sur cette Terre à rien, comme un grain de sable dans le désert du Sahara. Pensive et déconnectée totalement de la réalité, un bruit à peine audible pour un humain la sortit de ses pensées. Tournant la tête vers l'intérieur de la chambre d'hôtel, elle soupira avant de s'y avancer, fermant la porte menant au balcon avant de se mettre dos à celle-ci, visualisant ainsi la pièce entière qui semblait si vide, mais il fallait être dupe pour ne pas sentir une présence, une aura aussi importante. Hell ne l'était pas. « Il serait plus simple de te montrer, je ne parle pas au fantôme. » s'exclama-t-elle d'un ton las, alors qu'elle continuait à balayer la chambre du regard, par méfiance qu'elle soit tombé sur un garou.

La chambre était saccagée et sur l'immense lit deux places se trouvait un corps, qui je le présumais était celui d’un garou. Un loup. Je Fermai les yeux en reniflant à plein poumons l’air ambiant. Il était froid, glacial même. Cette enfant était une vraie bête, un joli petit ornement que j’ajouterais bien à ma collection d’automates sexuels. Hell … Le bruit courrait que ce n’était qu’une enfant. A sentir son aura, cela ne pouvait qu’être vrai. Elle puait la cruauté. Elle était passionnée de sex et surtout de meurtre. Il fut un temps ou moi aussi je massacrais mes victimes ! Je souris en m’avançant, non sans discrétion vers la commode. Je n’aimais pas camoufler mon énergie. L’effet de surprise c’était pour les cons ça !

« Il serait plus simple de te montrer, je ne parle pas au fantôme. »

Sa voix braillarde me filait la migraine. Je clignai des yeux sans trop lui prêter attention. J’avais d’autres priorités, comme observer les lieux par exemple. Je posais mon regard curieux sur chaque petit détail dans la pièce. "Un incube c’était le crime qu’il commettait". J'en étais arrivé à cette conclusion après des décénnies de vagondage. J'en avais vu de toutes les couleurs, de tous les âges, et de toutes les origines ... Des sangs purs, des hybrides et des humains transformés. Il n'y avait pas de meilleure façon de les départager. Ils étaient tous fou de sex, de sang et de folie. L'extravagance, et la perdition étaient les jeux préférés des incubes. Ils étaient tous pareil à un détail près. Chacun commettait ses propres crimes, en cherchant à chaque fois à tomber dans le péchet de la façon la plus originale possible. Une telle noirceur de l'âme ou plutot une abscence totale de moral ! Voilà ce que je trouvais le plus fascinant chez les miens.

Je fixai le cadavre recouvert d’un drap anormalement blanc. Aucune tache de sang, c’était subtil et propre. Je m’approchai de la victime, et la toisai du regard. C’était assez bien mutilé. J’émis un rire strident en voyant les parties génitales du jeune homme étalées un peu plus loin.

« Aoutch. Je dois avouer qu’à part ta voix fluette, et tes yeux de raton laveur … tu me plais assez bien. » Lançai-je en me dirigeant vers le balcon.

Je sortis un paquet de cigarettes Anis, et lui le lui tendit.

« Une cigarette après-baise ? »

Mes yeux étincelaient d’animosité. Je n’étais pas du genre à enchainer les rapports sociaux. A vrai dire, je détestais ça ... surtout avec les outsiders. Cette fille était nouvelle dans la ville, ou peut-être était-elle trop insignifiante pour que je me sois rendu compte de son existence avant. Ma langue claqua contre mon palais, il n’y avait pas une incube sur tout Manhattan que je n’avais pas encore gouté. Et cette petite blonde n’allait certainement pas sortir du lot.

« Tes yeux sont trop maquillé. » Me moquais-je. « Tu fais du rock m’a-t-on dit. »

Je passais délicatement mes doigts sur son visage pale, puis sur sa chevelure bouclée. J’en pris une touffe que je sentis. Son parfum était exquis, exultant. Elle respirait la fraicheur de la jeunesse, … Son corps tout du moins. Je savais que ce n’était qu’un leurre. Nous les immortels, nous avions nos petits secrets !