KALEIGH ELEANOR RUNNINGWOLF
Feat. Astrid Bergès-Frisbey

(c) Lilo_59.

« Bonjour, mademoiselle…hmm… Kaleigh, c’est la première fois qu’on se rencontre toi et moi, c’est ça? »

« Ouais, c’est bien la première fois… »

Et la dernière… aurais-je eu envie de dire. Je levai les yeux au ciel et poussai un léger soupir. Non mais qu’est-ce que je faisais dans le bureau d’une psychologue ? J’avais l’air d’une détraquée mentale ?! Je gardai les bras croisé, ayant toujours la ferme certitude que cette rencontre était vraiment une perte de temps. J’avais pourtant dit à mon grand frère que je n’avais pas besoin d’aide. Oui d’accord, j’avais été attaquée par un genre de monstre, et alors ? Nous étions à Manhattan ici, non ? Tout le monde était au courant pour les « garous » qui semblaient avoir fait de cette ville leur territoire. En plus, je n’avais même pas été blessée, puisque quelqu’un était intervenu avant qu’il ne se passe quoi que ce soit ! La dame continua avec son air sérieux, ses yeux me fixant à travers ses lunettes de lecture.

« Selon ce que m’a dit votre frère aîné, votre tuteur, vous avez subi un traumatise après avoir été attaqué par une « bête » ? »

Je levai les yeux vers la psychologue. Voilà qu’on parlait de traumatisme maintenant. J’étais loin d’être traumatisée, enfin si… mais pas à cause de ce foutu garou, plutôt à cause d’eux et de leur petit jeu ! Lorsque je rentrerais à la maison, Dante allait avoir affaire à moi. Il avait beau être mon frère aîné et mon tuteur légal depuis la mort de nos parents, cela ne lui permettait pas de contrôler ma vie. Je n’étais plus une gamine, j’avais presque 19 ans ! Il prenait son rôle bien trop au sérieux et ça commençait vraiment à me taper sur les nerfs. « Je fais ça pour te protéger » disait-il à chaque fois que je me plaignais. Pff, me protéger ? C’était plutôt comme dans une prison avec lui ! Je ne pouvais sortir le soir après le couvre-feu, les amis que je ramenais à la maison avaient le droit à un interrogatoire surprise et, par-dessus tout, j’étais obligé de subir tout plein d’examens médicaux- ou avoir recours à un psy dans ce cas-ci- si je me faisais le moindre bobo. « Tu vois pourquoi je t’ai imposé un couvre-feu ? Les garous sont extrêmement dangereux, je te l’avais dit pourtant ! Et tu fais ta tête de mule ! » M’avait-il sermonné lorsqu’il était venu me chercher après l’attaque. Je ne comprenais pas pourquoi il agissait comme ça avec moi. Si je pouvais avoir un peu plus de liberté parfois… L’autre soir, j’essayais de le convaincre de me laisser vivre en appartement et c’était loin de lui faire plaisir ! Ce n’était pas gagné avec lui…

Au moins, il était là pour me supporter. Je lui avais dit que je voulais gagner ma vie grâce aux arts plastiques. Il était d’accord. Depuis longtemps je voulais faire ce métier. J’aimais tellement dessiner et peindre. Selon lui, j’avais beaucoup de talent. Mes profs aussi pensaient cela au lycée. C’était la raison qui expliquait mon inscription dans une école d’art. J’adorais ça et je m’améliorais rapidement. Pour moi l’art c’était comme une drogue : il ne se passait pas une journée sans que je dessine un petit quelque chose. Je ne pouvais faire autrement. Cependant, la maison commençait à ressembler un peu trop à un atelier selon Dante. Raison de plus d’avoir mon propre appartement, non ? J’allais finir par le convaincre, j’étais certaine.

Par-contre, je savais que ce n’était pas facile pour lui, je n’étais pas stupide. Je savais qu’il bossait à deux endroits pour payer les factures et mes frais de scolarités. De mon côté, je vendais des petites toiles ou des objets artisanaux pour l’aider un peu. Je m’étais trouvée un job dans un petit magasin, mais étant étudiante à temps plein, il m’était difficile de travailler plus de 15 à 20 heures par semaine. Avoir un appartement était donc compliquer dans notre situation… à moins que je laisse tomber les cours, mais cela était hors de question pour mon frère. Il voulait que j’aille au bout de mes rêves et que je fasse ce que j’ai envie plus tard.

« Oh ce n’était rien du tout… Je marchais dans la rue ce soir-là, après le couvre-feu que mon frère m’a imposé, et là un genre d’animal m’a sauté dessus, je n’ai même pas eu le temps de savoir ce que c’était… quelqu’un est intervenu et s’est chargé du garou. Voilà… Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat, mon frère s’énerve toujours pour un rien »

« Et pourquoi étiez vous dehors aussi tard ? »

« Parce que j’en avais envie, c’est un interrogatoire ou quoi !? »

« Non, non … bien-sûr que non… Vous dites que votre frère est un peu surprotecteur avec vous si je comprends bien… et pourquoi cela ? »

« J’en ai aucune idée… il se prend pour mon père, alors qu’il ne l’est pas. Depuis que nos parents sont morts dans cet accident de voiture, il y a 5 ans, il a comme dérapé… Il est devenu vraiment étouffant avec moi. »

« Je suppose que c’est parce qu’il tient à vous s’il agit de la sorte, non ? »

« Ouais je sais, mais ça m’énerve quand même ! J’ai le droit de vivre un peu ! »

« Bien sûr… et c’est pourquoi vous chercher à sortir des limites que votre frère vous a imposé… »

***

Lorsque la rencontre fut enfin terminée, je sortis du bureau, puis marchai sur le trottoir de cette même rue en direction de chez moi. Mes mains me démangeaient : j’avais très envie de dessiner. En me remémorant certaines scènes, des images précises me venaient en tête. Le visage du psychologue, mes parents sur le canapé du salon, mon frère bossant après sa voiture, mais aussi le garou de l’autre soir. Une bête aux couleurs sombres, brun foncé ou noir je n’avais pu le distinguer dans la noirceur. Et ses yeux brillants dans des teintes de jaunes pâles, une fraction de seconde avant de me sauter dessus. Imposant et fier. Mais qu’était-ce ? Qui était-ce ? Je ne le saurai peut-être jamais… mais, il restera gravé dans ma mémoire très longtemps.

(c) Doomsday.

PRÉNOM/PSEUDO : Do' ou Ania ÂGE : 18 COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : J'y suis déjà PRÉSENCE : 5/7 CODE : ICI.