" Weid attraction "
Featuring Micah Michael Karev & Sara Joy Gordon

Des images du passé défilaient sous mes yeux meurtris comme un souvenir que je ne pouvais réellement oublier. Je souris délicatement en enfonçant mes mains dans les poches arrière de mon jean slim. Le ciel étoilé brillait au dessus de ma tête mais sa lumière salvatrice ne parvenaient pas jusqu’à moi. Où trop peu. Mon corps semblait flotter dans un nuage d’obscurité qui à la longue avait fini par me faire prisonnière. Le monde des garous était un mystère que je n’avais hélas pas le courage d’élucider. Je ne voulais pas aller jusqu’au bout de la transformation et découvrir la réelle nature de la bête qui sommeillait en moi. En fait, j’avais peur de me perdre à nouveau. D’être quelqu’un d’autre. Différent, arrogant et si peu humain. Un soupir à en fendre l’âme s’échappa d’entre mes lèvres gercées. Je m’avançai dans la ruelle sombre en ruminant ma haine contre ce clan dont je faisais malgré moi partie. Les rats étaient des êtres sournois, sans aucun scrupules et manipulateurs. Mais le pire c’était leur apparence hideuse et effrayante. Je ne pouvais me résigner à devenir quelque chose d’aussi ignoble. J’haussais les épaules en rigolant. Depuis quand étais-je devenue aussi superficielle et imbue de ma personne ?

Soit.

Je lançai un dernier regard à la banlieue des rongeurs avant de m’engouffrer dans le quartier suivant. Mon cœur était plus léger, même si je savais au fond de moi que la distance n’avait rien à voire avec mes malaises. J’avais beau m’éloigner, le mal était là. En moi. Le rat gigota en ricanant. Saloperie, il se moquait encore de moi. Je grommelai en traversant la rue déserte. Depuis quelques temps j’avais pris la mauvaise habitude de traîner à werepanther avenue, où le quartier général de la race féline. Je roulai les yeux en accourant vers une petite ruelle en face des boutiques.

Il était là.

Comme à son habitude.

Un sourire adorateur naquit au bout de mes lèvres alors que je contemplais la splendide panthère des neiges en cachette. Ce n’était pas la première fois que je l’espionnais. Je savais que c’était mal vu, mais j’étais en admiration totale face à la magnificence de cet être lumineux. Son pelage scintillant, ses yeux dorés et légèrement exorbités, ses grognements bestiaux et la finesse de ses mouvements. J’haussais les épaules en me penchant un peu plus. Le jeune blond retrouvait son apparence humaine avec une telle souplesse … J’étais jalouse. Je contemplais son torse ferme et son dos lisse alors qu’il se rhabillait rapidement.

Il est beau.

Je déglutis avant d’étouffer avec ma propre salive. Un toussotement m’échappa. Le bruit raisonna sur toute l’allée sombre, attirant toute l'attention vers ... Moi.

Chiottes ! Ça c’est de la discrétion.

Je papillonai des yeux gênée au possible avant de lever la main droite et de lui faire un signe de bienvenue.

« Salut. » Hasardai-je en ricanant comme une pintade.

Allait-il m’attaquer ? Me tuer ? Où juste venir à ma rencontre ?

Mon cœur s’affola.

Cette nuit j'étais sorti, j'en avais besoin, comme souvent d'ailleurs. être panthère signifie se dépenser un maximum sous peine de péter un câble au bout de 3 jours. Et oui... Un puissant corps félin comme celui là, ça doit s'entretenir et se dégourdir couramment sinon on devient vite un très gros chat mal léché. C'est pour cela que ce soir j'étais sorti faire ma ronde quotidienne, avec un ami à moi que je retrouvais à la fermeture de sa boutique dans notre quartier. On déposait nos vêtement à l'entré de son magasin une fois que tous dormaient et hop c'était parti pour une virée qui en plus de nous libérer la tête et de calmer la bête, nous permettais de surveille le coin d'éventuel intrusions non désirées.

Mais cette nuit encore avait été calme, ces derniers temps ça n'avait pas beaucoup bougé à mon grand regret d'ailleurs. Oui, même si je ne suis pas spécialement un violent de nature, la bête en moi elle l'est et a besoin de sa dose d'action une fois de temps en temps. Mais pour le moment le calme plat, trop peut-être... Je n'aimais pas ça mais bon, j'avais d'autre choix que de faire avec et au fond, il ne fallait pas s'en plaindre. Revenant avec mon confrère panthère, c'est à pas feutré, l’œil attentif au moindre mouvement qu'on rentrait au magasin l'air tranquille mais toujours vigilant. Un coup d’œil autour et on reprenait notre forme humaine sans l'ombre d'une gène. Mais bon, me balader nu n'étant pas mon truc, c'est en l'espace d'un instant que je récupérais mes vêtements pour me rhabiller mais un son vint m'interpeler non loin derrière moi. C'était une fille, apparemment caché au coin de la rue là-bas en train de nous faire coucou de la main. Mon premier réflexe fut de stopper net mon confrère qui encore à moitié nu allait se re-transformer pour l'attaquer. Imposant mon bras devant lui, je la fixais car son visage était loin de m'être inconnu... Non loin de là même, je l'avais croisé souvent j'en étais sûr. C'est en ricanant nerveusement qu'elle m'annonça tout sourire ;

« Salut. »

Fronçant un sourcille, je dis alors à James ;

- Calme toi et rentre... Elle n'est pas dangereuse je m'en occupe.

C'est l'air peu approbateur de mes mots qu'il répondit sur un ton méfiant ;

- M'ouai... Si tu le dis, je reste pas loin quand même, on sait jamais...

Un petit sourire en coin et un clin d’œil pour le rassurer avant de commencer à me rapprocher d'elle en enfilant mon t-shirt pour répondre lui répondre l'air tranquille ;

- Hum salut. Qu'est ce que tu fais là ? Tu es toute seule ?

Le stress montait d’un cran. Je le sentais vibrer dans chaque petit bout de mon corps frêle, et pourtant dans un élan de stupidité plus que d’arrogance, je lui souriais effrontément. J’avais du mal à canaliser mes émotions, surtout avec le ricanement strident du rat en arrière fond sonore. Je déglutis en sentant l’animosité de son camarade panthère. Il était prêt à m’attaquer, je pouvais le voire dans ses gestes déplacés et dans ses yeux furieux. Mais qu’à cela ne tienne, je suppose qu’il avait raison et que j’étais en tord. Après tout, je m’étais aventuré loin de mon territoire, et j’empiétais sûrement sur le leurs. Je soupirai en papillonnant des yeux ; Tentative maladroite de montrer ma gêne.

Mais qu’est-ce qui m’a pris de venir ici ?

Mon cerveau me sermonnait en relatant la dangerosité de la situation dans laquelle je m’étais fourrée, mais je n’avais pas le courage de fuir. Mes jambes comme plaquées au sol refusaient de faire le moindre mouvement de recul. Je suppose j’étais perdue. Un éclat de rire m’échappa.

« Je te remercie d’avoir empêché James de me faire la peau. »

Mes yeux brillaient de malice, et pourtant j’étais en mauvaise posture. Je n’étais pas assez audacieuse pour prendre mes jambes à mon cou, et certainement pas assez ténébreuse pour chercher la bagarre. J’étais peut-être inconsciente mais l’idée de me faire empalé la tête dans un réverbère de werepanther avenue ne m’enchantait que trop peu. Je secouai énergiquement la tête, chassant cette vision macabre de ma tête. Mon imagination n’avait décidément aucune limite. Un peu comme ma stupidité. Sa voix mielleuse me tira de ma rêverie avec douceur et légèreté. «Hum salut. Qu'est ce que tu fais là ? Tu es toute seule ? ». Ses paroles raisonnaient encore dans ma tête alors qu’il s’était déjà tut. Mon cœur rata un battement mais je tentais vainement de me ressaisir. Sa question n’était pas des moindres mais je n’avais pas de réponse à lui donner. Ce que je fichais ici ? Je me le demandais moi-même. J’haussais les épaules d’un air innocent.

« Je ne sais pas ce que je fous ici mais je peux au moins te dire que nous sommes deux, si tu comptes le rat. » Lançai-je d’un ton joueur.

Mes yeux se reposèrent sur lui encore une fois. Je le fixais avec un peu trop de contenance à mon gout mais je ne me rendais que trop peu compte des conséquences de mes actes. Son visage angélique, puis sur ses biceps musclés me laissaient sans voix. J’étais complètement subjuguée par son aura bienveillante. Je souris tristement. C’était bien la première fois que je me surprenais à adorer une créature des ténèbres et encore, je m’étais juré d’exécrer tous les garous, toutes espèces confondues. C’était pathétique de ressentir toutes ses choses mais je n’y pouvais rien. J’étais prisonnière d’un trop plein d’émotions qui étaient pour leur plus grande part négatives. Mes lamentations exaspérées se mélangeaient aux soupirs de la bête. Un éclat opaque traversa mes yeux marron alors que je baissais doucement la tête.

Allons Sara, tu vas finir par faire un trou dans son visage …

Je fis la moue.

S’il était aussi digne d’admiration que je le croyais, le jeune homme devait avoir remarqué l’étincelle de fascination qui ne quittait pas mon visage placide. Je fronçai les sourcils, contrariée par mon manque de discrétion si grossier.

« Je suppose que je suis une fan. » Avouai-je doucement. « Mais ça tu dois l’avoir remarqué, Micah. »

Son prénom m’était venu tout seul. Il s’était échappé d’entre mes lèvres sans que je n’y puisse grand-chose. Cela faisait un bout de temps que je l’observais avec acharnement, complètement captivée par ses gestes félins et la musique de ses miaulements sauvages. Je ne m’en cachais plus maintenant que j’avais été prise la main dans le sac.

« Je suis Sara. »

La gêne se lisait ouvertement sur son visage malgré que je tentais de la mettre plus à l'aise et rassuré. Mais en même temps il fallait la comprendre, elle avait face à elle deux créatures qui pourraient bien la transformer en dîner tardif de fin de chasse. Heureusement, je n'y comptais pas du tout, non je ne faisais pas ça, pas sans raison, à moins qu'elle soit démon ou loup garou en mission à la rigueur ce qui m'étonnerait. Son visage m'était bien trop familier pour cela ;

« Je te remercie d’avoir empêché James de me faire la peau. »

Et bien, au moins elle avait le rire dans le sang même si sa sentait la nervosité pure. C'est donc d'un sourire humble que je lui répondais ;

- Il n'y a pas de quoi, il y a pas de raisons...

Son regard en tout cas était étonnamment... Prenant, bien que ce n'était surement pas le bon terme à utilisé, non, c'était limite si elle n'était pas carrément captivée à la voir ainsi, le regard pétillant rivé sur moi, mais dans ce cas, je n'en comprenais pas vraiment la raison d'où mon hésitation sur l'expression de ses yeux si... émerveillés ? Non pas quand même... Quoi que. Elle enchainait tout de même sur un même ton léger ;

« Je ne sais pas ce que je fous ici mais je peux au moins te dire que nous sommes deux, si tu comptes le rat. »

Si je compte le rat ?.. Alors elle serait des..? Non pas possible. En fait si ça l'était mais dans ce cas, que faisait-elle là ? Eux qui étaient si imprévisiblement sournois et fouteur de merde. Peut-être qu'en fin de compte, elle était venu bel et bien en mission mais dans ce cas, pourquoi m'avouer si ouvertement ce qu'elle est ? Hum.. Cette petite est bizarre et pourtant je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle n'a rien de dangereux, au contraire, elle pue trop l'innocence et je ne pense pas ça en mal croyez moi. Ce n'est que d'un froncement de sourcils que je répondis à cet aveux bien que quelques questions commençaient à se bousculer dans ma tête tendis qu'elle reprit ce regard si... Admiratif. Qu'avait-elle à la fin ? J'y pensais fort mais n'osait vraiment pas demander pour être franc, j'avais peur de poser une question gênante autant pour elle que pour moi si j’interprétais ce regard de la mauvaise façon, me retrouvant ainsi plus ridicule qu'autre chose. Mais cet air vint très vite à disparaitre de son visage alors qu'elle baissait la tête ;

« Je suppose que je suis une fan. Mais ça tu dois l’avoir remarqué, Micah. »

Une fan ? Mon expression changea radicalement pour laisser apparaitre une légère grimace d'étonnement à l'entente de ces mots, sans compter qu'elle connaissait mon prénom. Là impossible de me retenir plus longtemps de l'ouvrir ;

- Qu.. Quoi ? Tu connais mon nom ? Mais qui es-tu ?... Tu..

« Je suis Sara. »

Sara... Voilà un nom qu'à mon avis je n'étais pas près d'oublier de si tôt. Fan.. Fan de quoi ? De moi ? Non quand même pas.... Si ?... J'étais plus surpris qu'autre chose à dire vrai, coincé entre le "je n'y crois pas" et le "je suis flatté mais pourquoi" je mis un temps d'hésitation avant de reprendre en m'approchant d'avantage d'elle pour finir bien face à face à la fixer bien dans les yeux ;

- Attends... Explique moi, tu es fan... De quoi ? Tu ne parle pas de moi là quand même pas vrai ?.. Parce que sinon euh.. 'Fin c'est mignon, c'est juste que ça me fait bizarre c'est bien la première fois qu'on me sort un truc pareil, et c'est pas un mal du tout hein c'est juste que... Bah, ça me surprend c'est tout mais... Tu es venu pour ça ? Me voir ?... À mieux y penser c'est vrai que je t'ai déjà vu plusieurs fois auparavant ton visage m'est trop familier. Mais... Enfin pourquoi ?... Je ne comprend pas.

Ouai, ça en faisait des questions mais en même temps il y avait de quoi. Entre elle qui me disait être fan et moi qui commençait à ressembler à un fou, la situation prenait une drôle de tournure à mon gout, à moins que je sois en réalité totalement à côté de la plaque... Là, je n'aurais plus qu'à foncer me cacher au pas de course...

Je ne pu m’empêcher de sourire comme une idiote. Je trouvais Micah très attirant et sexy, ça c’était un fait. Mais je pouvais voire dans son regard ciel, dans ses gestes rapides et dans sa voix cristalline, qu’il était gêné. J’haussais les épaules en faisant une petite moue.

« Trop de question d’un coup. » Riais-je en m’accoudant au mur.

Le vent frais filtrait à travers mes cheveux relâchés afin de s’engouffrer dans la ruelle sombre et étroite. Le ciel se faisait de moins en moins lumineux, et les dernières lampes encore allumées des réverbères étaient loin d’être éblouissantes. Je clignai des yeux, essayant de mieux détailler ses traits. Il y avait fort à parier que ce serait la dernière fois que je le verrais. Maintenant que je m’étais fait prendre, le jeune blond pourrait me bannir à tout jamais, où même me tuer là. Tout de suite. Un spasme d’horreur parcouru mon bras droit.

Je retins mon souffle.

Chiottes …

Je n’étais pas ce genre de personne. Décidément pas ! Et d’une certaine façon, je m’en voulais d’être devenue aussi chipie. Je blâmais souvent cette bête hideuse et obscure qui sommeillait au creux de mon cœur, mais au fond de moi je savais que c’était faux. Devenir un rat ne changeait en rien la personnalité. Ça vous détruisait juste. Ça vous rendait bestial… Différent, mais bestial … Puissant, et courageux mais toujours bestial. Je sentis une partie de mon humanité sombrer dans les abîmes de mon âme perdue quelque part à l’intérieur de mon corps frêle et empli de cicatrices de mutations.

« Ne le prend pas mal. Mais je viens souvent te voire … »

Je me voyais mal lui lancer le récit de ma vie pourri comme ça, de but en blanc. Cela dit, il méritait quand même des explications. Je souris sobrement.

« Micah. » Susurrai-je doucement. « Tu sais, ce n’est pas dans mes habitudes d’espionner les gens. Je … ça s’est fait tout seul … Je rentrais un soir après une transformation douloureuse, pestant contre le destin et bien d’autres choses. Je suis devenue garou malgré moi. C’était le seul moyen de me sauver de la mort, et je trouve ça si injuste. Puis je devrais t’avouer que les rongeurs sont loin d’être les bêtes que je préfère dans ce monde … En gros, je déteste les monstres.»

Un rire gêné m’échappa alors que je faisais un pas en avant dans l’obscurité. Mon cœur rata un battement mais je ne m’arrêtais pas pour autant. Je refusais de tomber dans un silence glacial ou douteux. J’avais trop peur de capter les soupirs de ma bête et ses ricanements moqueurs.

« La première fois que je t’es vu je suis tombée dans le panneau. Ta panthère était si belle, elle dégage une énergie apaisante. Ce n’est un secret pour personne que nous autres, les rongeurs, sommes attirés par tout ce qui brille. Tu es l’être le plus lumineux qu’il m’est été donné de rencontrer. En tout cas comparé à la société dans la quelle je vis aujourd’hui. Nous sommes tous noirs et hideux. Nous nous noyons dans la sournoiserie et la fourberie du monde des ténèbres chaque jour. En te regardant, j’ai un peu l’impression de sauver ce qui reste de mon âme éplorée … »

Je ramenai une mèche de cheveux derrière mon oreille tout en plantant mes yeux dans les siens. Je vous rassure tout de suite, ma bouche était pas encore grand ouverte, mais je luttais pour ne pas tomber dans le ridicule. Je tentai un énième sourire. Je savais qu’il devait me prendre pour une illuminée, ou pire encore pour un espion envoyé par l’alpha Forbes. J’espérais tellement qu’il puisse capter ma sincérité ou plutôt la maladresse de mes propos.

« J’espère que ce n’est pas trop de compliment d’un coup pour ton égo ? On m’impressionne facilement mais on me déçoit facile. » Me moquai-je à quelques centimètres de lui.

Ma main me chatouillait de cette proximité.

Je voulais toucher sa peau. Sentir son aura.

Je voulais savoir ce que ça faisait d’être humain et animal à la fois.
Je serrai les poings.

Espérons qu’il n’ait pas le don de lire dans les pensées comme Aiden, sinon j’étais mal barrée.

Ma gène devait se sentir et pas qu'un peu. Mais en même temps, il y avait de quoi l'être en cet instant, à moins d'être un égocentrique démesurément imbu de sa personne. Heureusement pour moi, elle avait malgré son ton franc et direct, cette façon d'être qui mettait tout de suite à l'aise. Comment ? Je ne sais pas, peut-être cette manie qu'elle avait de sourire ou de carrément rire nerveusement ou pour détendre l'ambiance. Il fallait dire que j'aimais ça, ça faisait du bien et surtout se montrait efficace ;

« Trop de question d’un coup. » Me répondit-elle en riant une nouvelle fois.

En même temps je la comprenais... Je venais littéralement de la bombarder de questions, mais bon, son rire vint me faire suivre le mouvement et à mon tour j'en lâchais un grand sourire. Je m'en sentais un peu bête mais malgré tout plus zen et acquiesçais donc d'un signe de tête en détournant un peu le regard. Moi qui n'étais pourtant pas timide. Il fallait dire que je n'avais pas spécialement l'habitude d'être suivit et admiré de la sorte alors bon, c'était excusable je pense. Un léger silence se posa avant qu'elle ne reprenne enfin ;

« Ne le prend pas mal. Mais je viens souvent te voire … »

Cette phrase me figea, le regard rivé sur elle, attentif à ce qu'elle disait. Oui cela me captivait car je voulais comprendre, ma curiosité ne date pas d'hier et une nouvelle fois je me sentais en besoin de la nourrir. Cette situation était nouvelle pour moi, alors pourquoi devrais-je la renier ou la fuir ? Vu les circonstances je n'en avais aucune raison. C'est alors qu'elle vint enchainer de nouveau afin de s'expliquer ;

« Micah. Tu sais, ce n’est pas dans mes habitudes d’espionner les gens. Je … ça s’est fait tout seul … Je rentrais un soir après une transformation douloureuse, pestant contre le destin et bien d’autres choses. Je suis devenue garou malgré moi. C’était le seul moyen de me sauver de la mort, et je trouve ça si injuste. Puis je devrais t’avouer que les rongeurs sont loin d’être les bêtes que je préfère dans ce monde … En gros, je déteste les monstres.»

Elle n'aimait pas ce qu'elle était... Voilà une part de l'explication. Les rats, elle leur en voulait de l'avoir forcer à être des leur, sans même lui laisser le choix, elle a dû accepter. Je comprenais qu'elle en soit mal... Moi non plus je n'ai pas eus le choix et tout comme elle, j'aurais aimé l'avoir. Mais c'est le cas de tellement d'entre nous. En tout cas, cette façon de penser me rassurais dans l'idée que je n'étais pas le seul à envier les humains et leur vie. À la regarder, j'avais un peu l'impression de me voir même si je ne comprenais toujours pas pourquoi elle m'admirait de la sorte. Le regard peiné pour elle, je continuais de l'écouter même si je voulais trouver quelque chose à lui dire pour tout ça. Mais quoi ?... Quoi dire ? Tout les mots du monde ne pourrait rien n'y changer malheureusement. Mon regard se laissait aller à mes pensées bien que j'aurais aimé me montrer de bonne paroles, mais c'est elle qui me sorti de cet état en riant une nouvelle fois gênée ;

« La première fois que je t’es vu je suis tombée dans le panneau. Ta panthère était si belle, elle dégage une énergie apaisante. Ce n’est un secret pour personne que nous autres, les rongeurs, sommes attirés par tout ce qui brille. Tu es l’être le plus lumineux qu’il m’est été donné de rencontrer. En tout cas comparé à la société dans la quelle je vis aujourd’hui. Nous sommes tous noirs et hideux. Nous nous noyons dans la sournoiserie et la fourberie du monde des ténèbres chaque jour. En te regardant, j’ai un peu l’impression de sauver ce qui reste de mon âme éplorée … »

Alors s'était donc ça... Je ne savais pas que je pouvais refléter autant de choses, mais surtout autant d'humanité. Me regard revint se fixer sur elle. Cela me touchait beaucoup et me rassurait tellement... Moi qui me voyait complètement changé, devenu l'une de ces bêtes qui n'ont plus rien d'humains. Un léger sourire vint se dessiner sur mon visage, comme pour exprimer un merci silencieux. En tout cas, tout ses mots étaient sincère, je le sentais, je le voyais. Mon pouvoir, je l'aimais pour cela, pouvoir percer l'esprit des gens mais je crois que même sans ça, je l'aurais cru sur parole. Cela se lisait dans ses yeux... ;

« J’espère que ce n’est pas trop de compliment d’un coup pour ton égo ? On m’impressionne facilement mais on me déçoit facile. »

Son rire vint une nouvelle fois me sortir de cet état pensif et me faire rire à mon tour. Je secouais la tête répondant enfin en souriant ;

- Non, je crois que ça va aller. Je tiens encore dans mes converses.

Je marqua un petit temps d'arrêt en regardant autour de nous en reprenant l'air plus sérieux, sentant que l'air se refroidissait car le ciel commençait à se couvrir. Le vent se levait, la pluie n'allait surement pas tarder, je le sentais. Si il y a bien un truc pour lequel j'étais doué, c'était bien ça. Le faisant un signe de tête je l'invitais à me suivre en lui prenant doucement le bras ;

- Le temps se gatte on dirait... Viens, je t'invite à la maison si tu veux, on parlera tranquillement là-bas. Enfin si tu n'as rien de prévu et puis comme ça, James arrêtera de te dévisager comme un prédateur en chasse.

Le sourire en coin, je rigolais de la situation malgré qu'elle soit bien vrai, je le sentais derrière qui ne la lâchait pas des yeux et je n'aimais pas ça. Commençant à marcher, je lui répondais enfin ;

- Je n'aurais jamais pensé que je puisse dégager autant de choses... Enfin, qu'on puisse me voir de la sorte. Tu sais, je suis un peu comme toi, je n'ai pas vraiment grande estime de moi et de ce que je suis... Je n'ai pas non plus eus le choix mais... Ouai, je crois qu'avec le temps, je m'y suis fait en quelque sorte, même si je l'avoue, j’envie énormément les humains... M'enfin, tu aurais dû venir me voir plus tôt, je ne t'aurais pas mordu, enfin, on aurait pu parlé de tout ça je pense, peut-être que c'est de ça que tu as besoin, d'en parler. Moi je suis garou de puis un bon moment maintenant alors bon, je ne sais pas si je suis le meilleur psy du monde mais je peux essayer si ça peut permettre de te faire sentir mieux. Car crois moi... Tu le vivras tellement mieux si tu essaie de t'accepter, du moins accepter ce que tu es, ne serait-ce qu'un minimum, moi c'est ce que j'ai fais et ça m'a permis d'avancer. En tout cas merci... J'suis flatté qu'au moins je sois bénéfique pour quelqu'un ici bas, ça me touche.

Je l'aimais déjà bien cette fille et j'espérais à présent pouvoir l'aider. Pourquoi ? Je ne la connais pas spécialement et pourtant je ne sais pas, je me sentais en besoin de faire ça pour elle, après tout, elle me voyait d'une telle manière que je ne pouvais faire autrement, et au fond, j'en avais vraiment envi... Sara, ouai, je crois que j'allais faire un bout de chemin avec elle.