CALLISTO I. SULLIVAN && DAEMON J. FORBES


« J'ai terminé, je pars ! Bonne soirée tout le monde. ~ » dit-elle avant de partir, un sourire crispé sur le visage. Il était 22 heures, et la pauvre Callisto ne tenait plus sur ses deux jambes. Fatiguée ? Pire. C'est bien trop peu pour définir son état actuel. Après avoir passé une journée et toute la soirée à s'occuper de blessés en tout genre... Fatiguée, c'est le moins que l'on puisse dire oui. Ces temps-ci, il y avait de plus en plus de catastrophes, de plus en plus de morts, de plus en plus de blessés... Et les rues de la ville étaient de plus en plus lugubres. Oui, lugubre est bien le mot. Rien n'était plus comme avant. Oublier la tranquillité de New York – enfin, quoique, le tout est subjectif, car la ville américaine n'a jamais été un modèle de calme et de tranquillité – mais surtout... Ce côté actif qui lui donnait tant d'humanité. Oh, elle était toujours très active, c'est vrai. Mais plus de la même manière. Désormais, les gens n'avaient plus à faire aux voleurs et aux dealers dans les nombreuses ruelles de New York, mais plutôt à des créatures en tout genre, toutes les unes plus dangereuses que les autres. C'est à en regretter les délinquants d'autrefois. Oui, parce qu'il est toujours plus facile de s'en sortir face à un pickpocket qu'à un loup-garou, vous ne trouvez pas ? Enfin bref. La jeune femme retira sa blouse pour enfiler un long manteau couleur bordeaux, elle posa ensuite un béret de la même couleur sur sa tête puis prit son sac à main avant de sortir enfin de l'hôpital.

Ses collègues lui déconseillaient très souvent de rentrer seule, surtout à des heures aussi tardives. Et, à chaque fois, Callisto se contentait d'acquiescer, sans suivre leurs conseils pour autant. Que voulez-vous, plus têtue que cette brunette, il n'y a pas. Du haut de ses quelques centimètres, elle a appris à s'imposer au fil du temps mais surtout à n'en faire qu'à sa tête. Trop entêtée, trop imprudente... C'est ce que l'on lui reproche le plus souvent. Oui, parce que voyez-vous, la demoiselle ne porte aucune attention aux dangers qui l'entoure, tout comme à ce qui pourrait lui arriver. Comme si la transformation de son frère ne lui avait pas servi de leçon... Elle continuait à se promener dans des ruelles sombres, sans aucune compagnie, alors que toutes genres de créatures rodaient en ville en ce moment, et vu son job, la demoiselle est loin de l'ignorer d'ailleurs. Oh que non. On peut même dire qu'elle est aux premières loges pour admirer le spectacle. De véritables massacres, des boucheries. Pourtant, elle n'était tout de même pas décidée à demander de l'aide, ou de la compagnie à qui que ce soit. Pourquoi les déranger de toute façon, alors qu'il ne lui arriverait jamais rien ? Voilà ce qu'elle pensait.

D'un air nonchalant, Callisto avançant, sans porter aucune attention à ce quoi que ce soit. Elle ne se souciait ni des personnes qui l'entouraient, ni même des regards qui se posaient sur elle. Pourtant, il y eut un moment où... Elle ne put s'empêcher d'accélérer la cadence. Ses pas se firent plus rapides. Si elle avait ignoré tous les regards qui s'étaient posés sur elle, elle ne put s'empêcher de réagir lorsqu'elle sentit les yeux d'une certaine personne chercher les siens. Une certaine personne... Qui avait tendance à lui foutre une sacré trouille en fait. Un certain Daemon. Humain ? Surement pas, non. Callisto était victime de quelques uns de ses petits tours. Ou, plus clairement, il s'amusait à la faire chanter. Il connaissait une bonne partie de ses secrets, des secrets bien gros, importants, énormes, qui pourraient la faire terminer en prison et qui datent de la période où elle s'amusait à détourner de l'argent. Comment avait-il fait pour les découvrir ? Elle n'en avait aucune idée. Mais une chose était sûr... A cause de lui, elle pourrait terminer en prison. Alors, naturellement, elle n'avait aucun autre choix que celui de lui obéir. Pourtant, elle détestait ça, se sentir « obligée » de lui obéir. Puis, la brunette n'aimait pas vraiment servir de larbin. Être réduite en esclavage... Quelle belle destinée ! Enfin. Sa réaction pouvait être facilement justifiée : elle essayait de fuir. Oui, exactement, fuir. Peut-être que si elle se dépêchait, elle réussirait à le semer ? Et ainsi, elle n'aurait pas à lui faire face une nouvelle fois. Et elle n'aurait pas à subir ses mauvais tours une nouvelle fois. Donc, tête baissée, Callisto poursuivit sa petite course, essayant de le dépasser, d'être plus rapide.

La foule était étouffante et inintéressante comme à son habitude. Des humains, des humains et encore des humains. Je soupirai en sentant l’ennui prendre peu à peu part de mon esprit pervers. Je me faufilai parmi les gens les mains dans les poches. Mes doigts s’agitaient contre le tissu, à l’afflux de contact… N’importe lequel. Je fronçai les sourcils en bifurquant dans une ruelle lugubre. Il faisait sombre, froid et ça puant ! L’ambiance parfaite pour un mec aussi pourri que moi. Un sourire dément se dessina sur mes lèvres fines. Mon cœur martelait ma poitrine, invoquant mes instincts les plus cruels. Je sentis ma dague noire se presser contre ma cuisse. Mes yeux furent alors traversés par un éclair vermeil. La couleur du sang pur et délicieux. Shhh … Ma langue claqua contre mon palais avant de se loger à l’arrière de ma bouche. J’étais en état hyperexcitation. Mon entre-jambe en sentait presque les effets. Je ricanai dans mon fort intérieur. Mon obsession pour le mal n’était pas nouvelle, mais depuis quelques temps mon esprit partait dans des délires très salaces. Je laissai mes canines s’allonger, perforant un peu plus mes gencives pâles.

« Du calme Dae. » Charriai-je en longeant l’allée jusqu’au recreation park.

Il y avait du monde, comme je l’avais suspecté. Reste à savoir s’il y avait quelqu’un d'assez craquant pour me faire sortir de l’anonymat. J’épiai les lieux du regard lorsqu’elle apparut dans mon champ de vision, comme ça, comme par magie. Mon rictus arrogant se transforma en un sourire plein de malices et d’idées malhonnêtes. Je m’avançai vers la jeune brune … Zut repéré ! Voilà qu’elle accélérait le pas. Je souris, amusé. Elle croyait me semer comme ça ? Vraiment ? Mon talon claqua contre le sol froid, je fendis l’air afin d’apparaitre en face de Callisto.

« Je croyais que tu avais compris que je n’étais pas … Très humain. » Susurrai-je en me penchant à son oreille.

Je tendis mes bras vers elle et la fixai du regard.

« Tu ne me fais pas un câlin ? Ça fait si longtemps. »

Ma requête n’avait rien d’une demande amicale. Ce n’était pas non plus une menace, ni une tentative de manipulation extraordinaire. Je voulais la pousser à bout parce que c’était plus amusant comme ça. Je la tenais ! Enfin, pas de la manière qu’elle croyait mais je la tenais. J’étais en possession de documents et d’informations sur son passé, passible de prison. Mais ce n’était pas la seule raison qui la faisait obéir à mes ordres. Il y avait entre nous une attraction manipulateur/manipulé qu’elle semblait ignorer. En fait, elle semblait ignorer ma réelle identité aussi. Et c’est ce qui la rendait si spéciale et amusante à mes yeux. J’avais l’impression de tomber dans des bassesses humaines que j’avais longtemps oubliées, étant démon depuis plus de 1 000 ans.

Je regardai Calli, toujours immobile. Je commençai à m’impatienter, néanmoins je souris encore.

« Deux personnes ne peuvent garder un secret, que si l’un des deux est mort. » Me moquai-je. « Je pourrais garder le tien … A moins que tu sois une tueuse, en plus d’être une arnaqueuse. »

J’éclatai de rire en détaillant sa tenue.

« C’est ce que tu as fais avec tout cet argent ? Du Chanel ? »

Hum, peut-être que si Daemon était arrivé à la rattraper, c'est parce que la miss n'avait pas assez de muscle et n'était pas assez sportive ? Peut-être que si elle avait été plus rapide, il n'y serait pas arrivé ? Oui, parce que voyez-vous, le principal concerné se trouvait désormais face à elle, penché à son oreille. « Je croyais que tu avais compris que je n’étais pas … Très humain. » qu'il disait. Le coeur de Calypso manqua un battement. Elle avait cru lui avoir échappé, mais pourtant, ce n'était pas le cas. Les projets de la brunette n'avait plus qu'à être modifiés maintenant. Rentrer ? Impossible. Elle commençait à bien le connaître. Il avait surement quelque chose en tête, et il allait surement user de ses stratagèmes et de ses mauvais coups pour lui pourrir la soirée. Voilà ce qu'elle pensait. Et c'est d'ailleurs pour éviter tout ce remue-ménage qu'elle avait essayé de lui échapper. Mais, comme il l'avait précisé... Il n'est pas très humain. Ou plutôt, pas humain du tout. Cela explique surement sa vitesse. Son comportement aussi ? Quoique... Il y a bien des humains qui sont aussi sadiques et cruels que lui. Seulement, ils sont bien moins nombreux, voilà tout. Enfin bref. Sans le regarder en face, la jeune femme se contenta de reculer, essayant de reprendre ses esprits et de se calmer, en laissant échapper un long soupir. Alors, que lui réservait-il pour aujourd'hui ? Il voulait surement s'amuser, et elle allait lui servir de jouet. Sauf qu'être utilisé ainsi ne plaisait pas vraiment à la brunette. Pourtant, elle ne pouvait se permettre de lui désobéir. Certes, elle râlait, elle pestait, mais elle finissait toujours par se mettre au travail. Voyez-vous, terminer en prison ne faisait pas partie de ses projets futurs, voilà tout.

« Tu ne me fais pas un câlin ? Ça fait si longtemps. » Il tendait ses bras, tout en la fixant, alors que de son côté, justement, Callisto essayait d'éviter son regard. Il lui demandait un câlin ? Et il pensait sérieusement qu'elle allait s'approcher puis le prendre dans ses bras comme si de rien n'était ? Elle se méfiait bien trop de lui pour oser l'approcher. Oh, il allait bien finir par se fatiguer et par baisser ses bras. Justement, c'est ce qu'elle attendait. « Deux personnes ne peuvent garder un secret, que si l’un des deux est mort. Je pourrais garder le tien … A moins que tu sois une tueuse, en plus d’être une arnaqueuse. » Il souriait, il se moquait, et il était toujours immobile, les bras tendus vers elle. Etrangement, la brunette finit par reporter son regard sur lui, et par le fixer, droit dans les yeux. Deux personnes ne peuvent garder un secret que si l'un des deux est mort ? Eh bien alors, il n'avait plus qu'à mourir. Callisto n'avait pas prévu de terminer dans un cercueil pour le moment, pas à 21 ans. Enfin, heureusement pour lui, elle n'était pas une tueuse, oh que non. Sinon, elle aurait surement vite fait de se débarrasser de lui en usant de la manière forte. Mais, voyez-vous... Mademoiselle Sullivan n'a aucune force. Elle ne ferait pas de mal à une mouche. Alors à un gaillard comme lui... Autant abandonner cette idée. « Eh bien, tu as de la chance, je soigne les gens, je ne les tue pas. Sinon, je me serais surement débrouillée pour faire en sorte que mon secret soit gardé par moi et moi seule. » dit-elle, un sourire crispé sur le visage. Son sourire était faux, et elle ne se cachait pas de le montrer. Callisto s'approcha ensuite de lui puis frôla tout juste son torse avant de se reculer. Il voulait un câlin ? Il l'avait eu maintenant. Il ne lui restait plus qu'à baisser les bras, donc. Enfin, la demoiselle remarqua ensuite que les yeux de son interlocuteur s'étaient posés sur sa tenue, avant d'éclater de rire. Qu'y avait-il de drôle au juste ? Elle était vêtue d'un beau manteau, non d'un déguisement de clown. « C’est ce que tu as fais avec tout cet argent ? Du Chanel ? » Callisto aimait le luxe. Callisto aimait les beaux vêtements. Et Callisto dépensait une bonne partie de son salaire et de ses économies dans des marques toutes les unes plus prestigieuses que les autres. Ce n'était pas lui qui payait, n'est-ce pas ? Alors, de quel droit se permettait-il de faire des remarques sur sa manière de dépenser son argent ? « Tu t'improvises conseiller financier maintenant ? Désolée mon chou, mais je pense que question argent, je m'y connais déjà très bien, je n'ai donc pas besoin de tes services. Oui, j'achète du Chanel, du Dior aussi, du Dolce Gabana. Tu veux que je t'envoie mes factures la prochaine fois ? » disait-elle, un petit sourire moqueur sur les lèvres. Lui obéir ? Oui. Mais se laissait marcher les pieds... Hum, non. Callisto ne comptait pas se laisser faire, même s'il l'effrayait quelques peu.

Elle était marrante. Je devais avouer que je trouvais un certain plaisir à jouer avec elle. Mes demandes ne frisaient même pas l’indécent, enfin à peine. Je souris à ses remarques moqueuses. Elle n’appréciait que très peu de servir de larbin et c’est ce qui la rendait aussi particulière. Elle résistait sans aller à l’encontre de mes paroles. Je posai mes yeux sur son visage enfantin. Ses traits étaient doux, et très humains. J’avais du mal à l’imaginer dans une autre catégorie fantastique, quel quelle soit.

Un sourire hautain orna mon visage impassible.

« Je paierais tes factures avec plaisir, si ça pouvait t’éviter de détourner de l’argent. »

Je ne me gênais pas pour lui rappeler la réalité de notre relation. Il fallait qu’elle assimile l’idée que j’étais en position de force, et que je n’étais vraiment pas un enfant de cœur. Alors là vraiment pas ! Mes canines acérées brillèrent alors que je dévoilais ma dentition de diable. Je m’avançai vers la jeune femme et enroulai mon bras autour de son cou. Non, je ne comptais pas l’étrangler. Juste l’emmerder à souhait. Un frisson me parcouru et je me surpris à apprécier sa proximité. Il y avait quelque chose de reposant en elle. Je réprimai cette sympathie parasite, et la tirai avec moi en direction d’un banc isolé du park.

« Asseyons-nous. » Soufflai-je alors que nous étions déjà presque installés.

Le souffle du vent venait agréablement à la rencontre de nos visages, mais je sentais la jeune femme crispée à ma droite. Elle était aussi raide qu’une planche à pain. Sûrement redoutait-elle le moment où je commencerais à faire mon salop. J’émis un éclat de rire avant de me ressaisir.

« On bien comme ça. Pas vrai ? »

J’étais sarcastique mais c’était si tentant de jouer avec ses émotions. Je pouvais sentir chaque variation de son corps, comme une caresse sur ma joue. Je percevais ses changements avec une telle facilité. Mon expérience y était sûrement pour quelque chose, mais Callisto était une fille qu’on pouvait facilement découvrir. Elle était simple. Le tissu de son manteau était réellement doux au toucher. Du cachemire. Elle ne s’était pas fait avoir sur la marchandise. La couleur, lui allait un peu moins bien. Peut-être trop agressive par rapport à ses traits doux et à son teint clair. Je saisis une mèche de ses cheveux du bout des doigts.

« Je m’ennuie un peu, et si tu me racontais quelque chose de divertissant. »

Son humanité, Callisto y tenait comme à la prunelle de ses yeux. D'ailleurs, elle avait du mal à comprendre toutes ces personnes qui souhaitaient devenir des garous ou d'autres créatures toutes les unes plus étranges que les autres. Oh, Callisto n'a rien contre les garous, vraiment. Tant qu'ils sont de bons toutous, bien sages, et qu'ils ne s'attaquent pas à elle, sinon, elle peut être dangereuse ! … Ehem. Enfin. Façon de parler... Bref. Alors que la brunette pestait encore et encore contre son interlocuteur, il reprit la parole. « Je paierais tes factures avec plaisir, si ça pouvait t’éviter de détourner de l’argent. » qu'il dit. Oh, mais elle ne lui en demandait pas tant, vraiment ! Toujours dans le même état esprit que sa réplique précédente, Callisto lui répondit du tac au tac. « Contente-toi de m'éviter la prison, ce sera déjà pas mal. Pour mes factures, merci mais je peux me débrouiller toute seule. Puis le détournement, c'est de l'histoire ancienne. »

Etrangement, on aurait dit qu'un petit air nostalgique s'était affiché sur sa jolie frimousse. Hum... Oui, c'est vrai, son ancienne profession lui manquait. Certes, ce n'était pas très... Honnête, dirons-nous, mais cela rapportait beaucoup, puis, elle travaillait énormément tout de même ! Détourner de l'argent n'a rien de facile, vous savez ? Enfin, la miss finit par revenir sur terre bien rapidement lorsque Daemon vint mettre son bras autour de son cou. Un frisson parcourut la jeune femme. Un frisson d'effroi. Oui, bon, il l'effrayait... Un peu... Un peu beaucoup. Le montrer ? Hors de question ! Il risquerait d'en profiter voyons ! Puis son honneur à la petite Callisto ? Oui, voilà la manière dont résonnait la demoiselle. Bon, d'un autre côté, on ne pouvait pas lui en voir d'être un peu terrorisée lui... Tout ce qu'elle connaissait à son propos, c'est qu'il n'était pas humain. Sa véritable nature ? Mystère. Puis, il s'agissait tout de même d'un sadique ! Et puis, il était capable d'entrer en prison ! Et puis... Et puis la liste est longue, vous savez... Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher parfois de se dire qu'il ne pouvait pas être aussi dur qu'il le montrait ? Ou... En fait, Callisto ne savait pas quoi penser de lui. Enfin bref. En deux temps trois mouvements, Callisto se retrouva finalement sur un banc, enchainée à Daemon par le bras qu'il lui avait enroulé autour du cou. Raide comme un piquet, la jeune femme pensait à tout ce qu'elle allait peut-être subir. Qu'avait-il réservé comme mauvais coups pour la soirée ? Ohh, elle le verra bien. Mais, son rire n'avait rien de rassurant. « On est bien comme ça. Pas vrai ? » Un long soupir s'échappa de la bouche de la jeune femme, puis elle marmonna. « Parle pour toi... » Pessimiste ? Hum, oui. Même son éternel sourire s'était effacé. Enfin, non. Il avait juste été remplacé par un sourire effronté. Mais qui était tout de même parti pour l'instant. Quoique, il allait bientôt faire son retour. Pour l'instant... Eh bien, Daemon avait saisi une mèche de ses cheveux. Rien d'inquiétant, oh non, du tout voyons. « Je m’ennuie un peu, et si tu me racontais quelque chose de divertissant. » Il s'ennuyait ? Quelque chose de divertissant ? Cela ne le divertissait donc pas assez de jouer avec ses nerfs et ses émotions ? Callisto se mit à parler tout en fixant un point dans l'horizon. « De divertissant ? Je m'excuse, oh grand maître, mais je ne connais rien de divertissant, il ne m'arrive rien de divertissant et ma vie n'a rien de divertissant. Je passe mes journées à l'hôpital, je soigne des gens, j'achète des vêtements, je mange, puis je dors. » Callisto tourna ensuite son visage vers lui. « Oh, d'ailleurs, en parlant de dormir, y a mon lit qui m'attend, et ma télé aussi. T'as pas sommeil toi ? Moi si, vraiment, énormément, beaucoup. Tu veux pas aller dormir ? » Et voilà, son grand sourire effronté avait de nouveau refait son retour et était arboré fièrement sur ses lèvres.

Je pouvais l’envoyer en prison. C’était un fait. Mais elle avait détourné de l’argent toute seule comme une grande et ça c’était un autre fait. J’étais un sadique, joueur et mesquin. Je trouvais un malin plaisir à martyriser la jolie jeune brune mais elle ne devait pas s’en prendre à moi pour si peu. Pas encore. J’étais capable de tellement pire. Le démon qui parasitait mon esprit fébrile ricana à l’intérieur de ma tête. Un sourire bestial se traça immédiatement sur mon visage pâle. Mes yeux s’injectèrent de sang durant une fraction de seconde mais je réprimai mes pulsions démoniques. Ma langue claqua contre mon palais. Callisto avait beau clamer que c’était de l’histoire ancienne, je lisais dans ses pensées comme dans un livre ouvert. Je sentais la déception dans sa voix enjouée. Sa vie actuelle manquait de cette touche excitante qui exaltait les cœurs et cassait les routines du trin trin humain habituel. In fact, je lui offrais une brise de fraicheur en lui faisant chiant. Elle devrait me remercier au lieu de se raidir au contact de ma peau glacée.

« Si ta vie n’est pas amusante, ta seule présence est divertissante alors. » Chuchotai-je doucement à son oreille en fourrant mon nez dans ses cheveux chocolat. Je respirai l’odeur de la camomille qui s’échappait de ses mèches à mi chemin entre le brun et le doré. Ses yeux grands , noisettes et rieurs se déposèrent sur moi avec dégout. Je sentais son malaise. Et je savais que ma présence la rendait malade. Elle avait peur que je l’envoie en prison, mais ce n’était pas mon attention. Je n’étais vraiment pas un justicier, vraiment pas ! Puis franchement, si chacun devait payer pour ses crimes j’étais bon pour la camisole de force. Même en prison ils ne voudraient pas de moi tellement mes agissements étaient digne des plus grands psychopathes et serial killers du monde. Un rire moqueur m’échappa, extirpant violement l’air de mes poumons. Je sentis une légère douleur titiller ma poitrine. J’aimais la souffrance, j’étais en quelque sorte habitué au malheur avec mon vécu. Les autres choses de la vie, plus douces, et accessoirement plus positives avaient fini par m’échapper à force de répulsion pour le monde et les Hommes. Quelque soit leur nature ou leur race.

Je déposai doucement mes doigts fins sur sa main. Elle frémit à mon contact. Je me concentrai un peu plus sur son esprit. Callisto était vraiment crédule comme fille. Elle ne réalisait donc pas que je n’étais pas un garou. J’étais bien pire. L’entité mystérieuse qui tuait sans relâche les monstres, la chose maléfique qui se nourrissait de sang frais et de carcasses décérébrées : c’était moi. Et seulement moi.

« Je sais que tu n’as rien contre les garous, mais il se trouve que moi je les déteste vraiment. » Ricanai-je.

Mon souffle chaud parcourut la peau blanche de son cou avant de s’évanouir au bout de son menton. Je serrai ma prise sur elle, prêt à jouer de mon don de manipulation. Il ne suffisait pas de savoir des choses pour obliger les gens à obéir. Parfois il y avait bien plus.

« Tu veux dormir ? » Hasardai-je amusé. « Tu es un lit douillet il me semble. D’accord. J’accepte, allons y!»

Je me levai de suite, l’entrainant avec moi. Mes yeux accrochèrent les siens et j’ordonnai à son corps de se laisser aller à ses désirs les plus fous. Je déréglais tous ses mécanismes hormonaux pour le simple plaisir de lui insuffler des flots d’émotions fortes et contradictoires, toutes en même temps : Peur, Euphorie, Souffrance, Hystérie, Amour, …

« Je suis un incube. » Avouai-je au passage. « Je ne me transforme pas en boule de poil mais je sais faire tellement mieux. » Ricanai-je en me connectant à son esprit.

Legillimencie, manipulation mentale, et viol à l’étalage. J’en tenais une sacré couche mine de rien.

« Crois-moi ce n’est pas à cause de ton passé que tu obéiras. »