Anastasia Maria Andropov
Feat. Scarlett Johansson

(c) Dreams.

En ce soir d’automne, je suis assise sur le balcon de mon appartement. Le passé que j’avais longtemps oublié me vient en tête pendant que je fixe le vide. Je prends une bouffée d’air. Inspire, expire. Le vent caresse mes cheveux dorés. Je regarde un couple passer dans la rue. Je laisse mon esprit divaguer…

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? À quoi servons-nous ? Pourquoi le monde est ce qu’il est ? Ce sont toutes des questions auxquelles il est tellement difficile de répondre. Âgée de 24 ans déjà, j’ai l’impression d’en savoir moins que lorsque j’étais plus jeune. Quand on a 8 ans, tout est simple : les choses sont telles qu’elles sont parce que, point. Mais plus le temps avance, plus on veut aller au-delà de ce simple « parce que ». On veut comprendre. Malheureusement pour moi, je ne comprends pas encore. Je ne suis pas philosophe vous savez, mais ces interrogations envahissent souvent mon esprit. Ça m’agace. Je déteste vivre dans l’incertitude. C’est parfois dur de faire face à la réalité. De savoir que le monde qui m’entoure n’est pas celui dont je rêve. Qu’il y a des êtres répugnants et sanguinaires détruisant mon pays, ma ville. Qu’en partie, je suis l’un d’entre eux. Je fais régulièrement face à une dualité qui m’étouffe. D’une part, l’envie de me laisser aller, de laisser sortir le félin emprisonné dans mon corps. D’un autre côté, la haine que je voue aux garous et aux incubes, mais également le désir d’être considérée comme une femme ordinaire. C’est pourquoi la plupart du temps je nie la moitié de ce que je suis. Les pulsions animales sont cependant si difficiles à contrôler lorsque je vois un homme qui m’attire, par exemple. Je laisserais aller la panthère sans aucun problème, si seulement j’en avais moins peur. Soudain, les images de mon passé embrouillent la réalité, changeant la splendide vue de la ville par une maison de banlieue en Russie : un endroit où je ne suis pas allée depuis très longtemps.

Moscow, Maison de banlieue, vendredi 14 mai 1995

Je suis âgée d’environ neuf ans si je me souviens bien. L’autobus s’immobilise devant une belle demeure aux arbres fleuris. J’arrive à la maison après une longue journée d’école. Fière d’avoir appris l’orthographe de nouveaux mots, je passe la porte en sautillant. Soudain, je m’accroche les pieds dans une valise et je tombe. En me relevant, je vois plusieurs sacs de voyage près de l’entrée. Je songe alors « on part en voyage ? » Cette idée stupide quitte mon esprit lorsque j’entends des pas précipités à l’étage, puis des bribes de conversations. Mon père parle l’anglais américain alors que ma mère s’exprime en Russe. Mes parents ont toujours discuté de cette façon. Les deux se comprennent, mais ils décident souvent de parler leur langue maternelle. Cependant, mon père parle assez bien le Russe, puisqu’il vit à Moscow depuis un certain temps. Ce n’est qu’à la maison, où lorsqu’il parle à sa famille qu’il ressort son anglais. De mon côté, bien que ma langue première soit principalement le Russe à cause de mon lieu de vie, je comprends parfaitement l’américain parlé de mon cher papa. Je tends l’oreille. Selon ce que je peux entendre, ils ne sont pas contents. La voix de mon père est froide et dure tandis que celle de ma mère est remplie de rage. Je reste en bas de l’escalier et frotte le bas de mon chandail avec nervosité. J’étais habituée de les entendre se disputer, mais jamais aussi fort. Ils s’approchent de l’escalier. Je comprends mieux ce qu’ils disent.


MAMAN : « J’ai essayé de m’habituer ! Mais je n’y arrive pas ! Tu es tout sauf normal, Peter ! Pour moi et surtout pour ta fille, tu devrais faire plus d’efforts ! »
PAPA : « Que je fasse des efforts !? Mais c’est tout ce que je fais, des efforts !! J’ai tout fait pour toi, TOUT ! »
MAMAN : « Ce n’est pas suffisant ! Tu continues à agir comme… comme si tu étais … »
PAPA : « Comme quoi, hein ? Comme une bête ?! Mais c’est ce que je suis, Maria ! Qu’est-ce que tu veux ? Que je sois un gentil mari ordinaire ? Ce n’est pas le cas ! … Et puis ça ne t’a pas empêché de te marier avec moi, je te signale !»
MAMAN : « C’était bien avant que je sache ce que tu étais ! Tu m’as caché ta nature durant des années ! Lorsque tu me l’as dit, il était bien trop tard ! »
PAPA : « Trop tard ? Trop tard pour t’enfuir, c’est ça ? Ne peux-tu pas m’accepter comme je suis ?! Non, certainement pas ! Je te croyais différente des autres, mais c’est faux ! »
MAMAN : « J’ai fait tout ce que j’ai pu, d’accord !? Mais je ne peux pas en supporter plus! Tes batailles, tes histoires ! Tu reviens toujours avec des bleus un peu partout ! Et la visite de l’autre jour, tu l’as oublié ? À cause de toi notre famille est en perpétuel danger ! Sans parler du fait que notre fille va sûrement devenir comme toi ! »
PAPA : « Tu parles de moi comme si j’étais un monstre ! Et comme si Ania en était un aussi ! Mais ne t’inquiète pas ! Je m’en vais ! Tu ne me reverras plus jamais ! Jamais ! »

Il dévale l’escalier rapidement, une valise à la main, puis dépose celle-ci avec les autres. Je le regarde, les larmes aux yeux. Je crois comprendre : Papa s’en va… pour toujours. Il me regarde. Je vois son expression si triste, si tendre. Un regard plein d’amour. Mais il s’en va. Il baisse la tête, ouvre la porte et prend quelques sacs. Maman descend l’escalier à son tour. Elle me jette un coup d’œil, puis m’agrippe par les épaules. Elle me demande de monter dans ma chambre et j’obéi. Je monte l’escalier et je fonce dans ma chambre. J’ouvre le rideau de la fenêtre et le regarde aller et venir. Il entre finalement dans sa voiture et démarre. Je le regarde partir au loin…

Moscow, Maison de banlieue, 18 janvier 1997

C’est une soirée glaciale. La tempête de neige fait rage dehors. On entend le vent siffler et on voit de la poudre blanche s’accumuler sur le bord des fenêtres. Il fait noir, mais le reflet argenté de la neige éclaire l’extérieur. Je suis dans mon lit, la lumière est éteinte. Je devrais dormir, mais je ne peux m’empêcher de regarder à travers la fenêtre de ma chambre. La maison est silencieuse. Ma mère est au rez-de-chaussée, sûrement en train de lire ou de faire un truc du genre. Elle est tranquille le soir, même si elle va dormir bien plus tard que moi. Parfois elle peint, d’autres soirs elle écoute la télévision. Il lui arrive de faire du lavage ou des petits plats cuisinés. Depuis le départ de mon père, la maison semble vraiment vide. Il n’y a que moi et elle. De mon côté, j’ai de l’école alors je dois me coucher tôt les soirs de semaine. Ma mère n’a pas besoin de se coucher si tôt. Les adultes ont moins besoin de dormir, il paraît.
J’entends un bruit inhabituel. On cogne à la porte. Cela peut paraître banal, à cette heure-ci. Une bonne amie de ma mère ou de la famille, c’est toujours possible. Mais ce genre de chose n’arrive jamais chez moi. Ma mère n’a aucun amis ou presque. Jamais je ne l’entends parler au téléphone et très rarement je l’ai vu avec des collègues de travail. C’est une solitaire, d’autant plus depuis que mon père est parti. J’entends des pas lent se diriger vers la porte. Celle-ci s’ouvre. Ma mère parle à voix basse, sûrement pour ne pas me déranger. Elle ne doit pas savoir que je suis encore réveillée. Une voix aux tonalités basses lui répond. Un homme. Je ne comprends pas vraiment ce qu’il dit… mais j’ai l’impression que ce n’est pas Russe. De l’anglais ? Je tends l’oreille. Ma mère réplique d’un ton froid et un peu plus fort. Mais l’homme reste cependant, je ne sais pas pourquoi. Il semble insister. Je crois entendre ma mère lui dire ensuite: « Il n’habite plus ici, alors foutez le camp. » La curiosité prend le dessus sur moi. Je descend de mon lit, puis me dirige à pas de souris vers l’escalier. Je reste collée au mur et je regarde d’un œil la scène. Ma mère tente de fermer la porte, mais le pied de l’homme l’en empêche. Je peux entrevoir ses bottes noires et ses cheveux bruns cachés sous un capuchon de poils.

MAMAN : « Laissez-moi tranquille ou j’appelle la police ! »

Dit-elle dans un mauvais anglais. L’homme lui rit au nez.

INCONNU : « Ne perdez pas votre temps, vous serez déjà morte avant que la première voiture de patrouille arrive. »
MAMAN : « Qu’est-ce que vous me voulez !? »
INCONNU : « Je veux savoir où est Peter Henderson.»
MAMAN : « Puisque je vous dit qu’il n’habite plus ici ! »
INCONNU : « Vous permettez que je vérifie ? »
MAMAN : « C’est hors de question ! »
INCONNU : « Alors vous ne me laissez pas le choix…»

Il pousse la porte d’un coup sec. Je me tourne dos au mur et ferme les yeux très forts. Je suis effrayée. J’entends un cri et beaucoup de fracas. Puis plus rien. Que le son du vent s’engouffrant dans la maison. J’attend quelques secondes avant de me décider à jeter un coup d’œil. Très lentement je sors un peu la tête. La porte est grande ouverte. Je vois un manteau à travers la tempête qui disparaît peu à peu. Je vois ensuite ma mère par terre et une marre de sang. Je reste figée là, sans bouger, ne sachant quoi faire. Mes yeux s’embrument et une larme coule sur ma joue, puis une autre.

États-Unis, Aéroport de Manhattan, Mars 1997

Je sors de l’avion et je me dirige dans la grande salle…Seule. Je cherche des yeux un visage connu. Deux mois se sont écoulés depuis la mort de ma mère et pourtant je suis encore triste. Triste et en colère. Tout va mal et c’est la faute de mon père, j’ai l’impression. Je dois quitter ma ville et mon pays pour aller à un endroit complètement inconnu pour moi. Un endroit où les gens agissent différemment, un endroit où l’on parle différemment, un endroit où je ne connais personne et, par-dessus tout, un endroit où il n’y a pas ma maman. Je le déteste. Il a tout gâché en partant de la maison. Un père n’est pas supposé devoir protéger sa famille ? Il a complètement failli à sa tâche. C’est lui que je dois rejoindre aujourd’hui. Je n’en ai pas du tout envie. Il va m’emmener chez lui pour y vivre. Je vais devoir m’adapter à un mode de vie complètement différent du mien. Je pousse un soupir en le cherchant des yeux. Lorsque je l’aperçois, je me dirige vers lui d’un air boudeur. Il tente une approche en me faisant un grand sourire. Je détourne les yeux. Il prend mes valises et je reste muette. On se dirige en silence vers la sortie. Il me demande en anglais :

PAPA : « Alors c’était un beau voyage ? »

Je ne réponds pas, faignant ne pas comprendre. S’il pense que je vais faire des efforts pour parler SA langue, il se trompe. Il soupire, mais ne dis rien. Je sens que les semaines à venir vont être très difficile, tant pour moi que pour lui...

Manhattan, appartement du centre-ville, 3 juin 2005

Huit ans depuis mon arrivée aux États-Unis. Il faut dire que je me suis assez bien adaptée, mais j’ai aussi beaucoup changé. Je suis une femme maintenant. J’ai finalement appris à parler bien l’anglais et je n’ai presque plus d’accent, enfin je crois. Je me suis endurcie, je suis devenue plus indépendante. Quelque chose c’est passé en moi. L’endroit où j’habite présentement est sûrement un facteur aussi. Vivre avec mon père c’est très différent. Il n’est pas souvent là et lorsqu’il à la maison, on se parle à peine. Cependant, j’en ai appris beaucoup sur les garous grâce à lui. J’ai vu ce dont ceux-ci étaient capable aussi. Les rues de Manhattan ne sont pas les plus sécuritaires, j’ai pu le constater. Ça grouille de garous dans cette ville. Beurk. Certains pensent que le fait de vivre avec un garou-mon père en l’occurrence- aurait pu être bénéfique pour leur cause. J’aurais dû apprendre à mieux les apprécier. Mais bizarrement, c’est le contraire qui se produit. Plus j’en apprends et plus je les déteste. Je ne l’ai pas encore dit à mon père, mais je compte laisser tomber les cours, me trouver un job et quitter la maison. Je veux devenir chasseuse et m’occuper de ceux qui mettent le trouble à Manhattan. L’autre soir, j’en ai rencontré un justement. On a discuté longtemps et j’ai pris ma décision. D’ailleurs, c’est lui qui m’a montré quelques ficèles à propos du métier. Cependant j’ai appris quelques astuces par moi-même…Je suis en train de l’utiliser en ce moment. Je suis au lit avec un homme et je ronronne en passant ma main sur son torse. Je lui fais un sourire malicieux et lui demande d’un ton mielleux :

MOI : « Alors, Eliott… tu ne sais vraiment rien à propos d’une bande de garous qui traîne aux alentours ? J’en entendu des rumeurs à propos d’eux… il paraît qu’ils sont très très vilains…»
ELIOTT : « Oui…je veux dire, euh, non non…je ne sais rien d’eux…mais j’ai entendu des rumeurs comme tout le monde… »
MOI : « Comme c’est dommage. Bon tant pis. »

Je sors du lit et me rhabille lentement en poussant un léger soupir. Il intervient rapidement.

ELIOTT : « Attends ! Ne pars pas maintenant ! »
MOI : « Et pourquoi pas ? »
ELIOTT : « parce que je sais certaines choses qui pourraient t’intéresser… »
MOI : « Ah bon ? »
ELIOTT : « Ouais…»
MOI : « Ah ! Tu es vraiment le meilleur ! »

Je me recouche près de lui avec un sourire ravis.

MOI : « Dis-moi tout, mon beau… »

Je souris en me remémorant ce dernier souvenir. J’aimais vraiment le métier de chasseuse et je ne peux le nier. Je suis faite pour ça. Et en bien y pensant, les deux côtés de ma personnalité font de moi ce que je suis aujourd’hui. Je ne dois pas chercher à les séparer, mais bien à faire en sorte de les unifier. C’est de cette façon que je pourrai donner le meilleur de moi-même. Je me lève de la chaise et je rentre dans mon appartement. Je regarde l’heure : 22h45. Juste à temps pour une petite partie de chasse…

(c) Doomsday.

PRÉNOM/PSEUDO : waterproof ÂGE : 18 ans COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : Publicité que j'ai vu sur un autre forum. PRÉSENCE : 5/7 en moyenne, mais je fais un tour à chaque jour habituellement. CODE : Ok by Nou'

Bienvenue. Enfin une fille canon =P
Bonne chance pour ta fiche. J'espère qu'on se retrouveras bientôt sur RP

Les plus belles histoires commencent par de la haine ... En tout cas c'est ce que je crois.
Notre relation n'en sera que plus intense encore.

J'arrive toujours à mes fins. Tout le monde finit par céder au grand méchant loup.

Daemon J. Forbes a écrit:

J'arrive toujours à mes fins. Tout le monde finit par céder au grand méchant loup.

Façon de parler Rhoo !

Arrête de flooder toi, et va répondre =P

Y a des chaleureux et des chieurs aussi xD