La nuit.
C’était le moment parfait pour arriver en ville. Le vent froid m’accompagnait dans ma démarche comme un fidèle compagnon. Je respirai à plein poumons le parfum de mes origines. Je n’avais pas remis les pieds ici depuis … Un bout de temps. Je souris amèrement au souvenir de ce soir, ou ma vie avait enfin commencé.

Ici, rien n’avait changé. Ou juste à peine.

Les façades crasseuses du centre ville me rappelaient à quel j’avais été bête de partir. Que les héros n’existaient que la seconde qui précédait leur mort. Je suppose que j’en avais été un moi aussi. Puis la vie m’était revenue, par un miracle animal. Mes poils s’hérissèrent et je souris encore. Pour la première fois, j’avais l’impression d’être au bon endroit. Manhattan, the city that never sleeps. Le paradis des loups insomniaques. Cette idée m’inspirait. Des idées toutes aussi folles les unes que les autres me traversaient l’esprit. J’en devenais presque fou. L’ère des Incubes et des sous-races garous touchait à sa fin. J’œuvrais pour la création d ‘une nouvelle dynastie : Extraordinaire et pure.

« Raebak ! » Grognai-je à l’intention du jeune homme qui me pistait. « Rentre chez toi. »

« Lady Jacquelin … »

« Tu diras à Lady Jacquelin que je vais bien. Que je ne trahirais pas la meute. » Lançai-je d’une voix glaciale.

Le jeune loup jappa quelques secondes avant de disparaitre dans la pénombre. J’avais horreur d’être suivi, et encore plus par des incapables. Je reniflai discrètement l’air ambiant. Les flocons de neige qui tombaient dru sur moi ne me dérangeaient pas. Ma fourrure, même sous ma forme humaine, me protégeait des aléas de la nature folle. Je bifurquai à l’intersection entre la 8e et la 16e Avenue avant d’arriver en face d’un énorme building. C’est là, que l’exécutrice logeait.

Je restai stoïque un moment. Je savais que je n’aurai pas dû venir aussi tôt, que j’aurai dû laisser le hasard décider de notre première rencontre mais ma curiosité me bouffait de l’intérieur. Je devais voire le visage de celle qui avait glissé la peur dans les troupes Newyorkaises. Je fronçai les sourcils, thorax au sol. Son odeur m’était agréable, comme celle d’une femme que j’avais connue mais qui avait sombré dans les ténèbres à son tour. Cette fragrance était magique, elle exerçait sur moi une excitation et une frénésie que seule la chasse pouvait me procurer. Mes griffes s’allongèrent et creusèrent le béton humide. Je sentis mes yeux vibrer d’ardeur. Il s’était réveillé : Le loup.

Sans aucune discrétion, je me mis à hurler à sa fenêtre. Mes sons étaient digne de la pleine lune. Ils étaient forts et stridents. Ils prévenaient tous les garous de la ville de mon arrivée. Une sorte d'avertissement à tous ceux qui pensaient se mettre au travers de mon chemin.

« Come to me. »

Il faisait étrangement froid cette nuit là. Pour un peu, j’aurais cru qu’un démon s’était installé dans la ville, mais je ne croyais pas aux démons. Il y avait bien assez de surnaturel avec les garous et les incubes dans cette ville pour croire à quelque chose d’encore plus dangereux. Je m’enfonçais un plus dans mes couvertures pour avoir le maximum de chaleur. Contre moi reposait mon ours en peluche qui ne me quittait jamais la nuit. Encore une fois, avec tous les monstres qui logeait en ville et que je devais descendre, je n’avais pas des nuits parfaites. Parfois il m’arrivait de ne dormir que quelques heures, tellement mes rêves étaient remplis de sang et de cadavres. Mais lorsque ma peluche était contre moi, ca me rassurait. Comme si elle allait me protéger si les méchants venaient s’introduire chez moi pour se venger.

Mais cette nuit là, même son odeur si agréable ne m’aidait même pas à m’endormir. Quelque chose approchait, quelque chose de bizarrement puissant. Peut-être un démon finalement ? Non, ça ne pouvait être qu’un garou. A force de les fréquenter, j’avais appris à reconnaitre leurs pouvoirs, ils me picotaient la peau à chaque fois. Mais ce pouvoir là faisait plus que picoter ma peau, il me brulait presque, comme si j’étais tout près d’un feu. Je me redressais et allumais ma lampe de chevet.

Tout était calme, on pouvait entendre juste le bruit de la ville au dehors ainsi que le bruit de mon aquarium dans mon salon. Peut-être que mon manque de sommeil me jouait des tours, que j’étais tellement fatigué que j’hallucinais. Mais le loup qui hurla au dehors me détrompa, je n'hallucinais pas. Un garou était bel et bien arrivé en ville. Je priais silencieusement qu’il ne soit pas venu pour mettre la ville à feu et à sang pour avoir juste la place de l’Alpha tout en me préparant. Autant tout de suite aller à sa rencontre dehors pour le buter. Oui parce qu’il était tout proche, peut être même au bas de mon immeuble venu me narguer. Ça ne m’aurait pas étonné puisque tout les loups ou presque me connaissent et me craignent. Je n’aurais pas de mal à le localiser. Mais ce n’était pas un loup de la ville, son pouvoir était trop grand. J’étais même presque sur que le pouvoir de l’Alpha de la ville n’était pas si puissant, à moins qu’il savait mieux le dissimuler que ce loup là.

Une fois habillé, j’allais prendre mon browning 9mm et vérifiais qu’il était bien chargé de balles en argent. Parfois il m’arrive de prendre des balles normales lorsque je ne veux pas tuer un garou mais juste lui faire peur. Mais celui-là j’avais bien l’intention de le descendre ! Sauf bien sûr si d’autres garous s’en chargeaient avant moi. Ce qui était très peu probable tant qu’il ne faisait rien qui puisse leur donner une raison valable de le tuer.

Je sortis de mon appartement et dévalais les escaliers en courant. Plus j’approchais de la sortie plus je sentais le pouvoir du nouvel arrivant ramper sur ma peau, il était presque palpable. En tout cas, soit il ne savait pas se maitriser, soit il le faisait exprès. Et j’optais pour la seconde solution en le voyant juste devant mon immeuble. Il était juste venu pour me narguer ! Il n’était même pas totalement transformé. Ce n’était plus qu’un corps humain recouvert de poil et avec un visage trop allonger pour être celui d’un humain normal. J’ouvris la porte, mon flingue bien braqué sur lui. Je jetais un rapide coup d’œil aux alentour, il était seul apparemment. Je pris garde à laisser la porte derrière moi, juste pour être sur qu’aucun monstre ne m’attaque par l’arrière.

— Bouge d’un seul centimètre et je fais exploser ta tête, c’est clair ? Menaçais-je.

J’avais le doigt sur la gâchette, prête à tirer au moindre mouvement. J’étais tellement sur le qui-vive que je ne pensais même pas à trembler de froid. Mais quelque chose m’empêchais de tirer sur lui tout de suite, c’était bien la première fois que l’exécutrice hésitait à abattre un garous ! Une première.

Cette odeur et cette voix ne m’étaient décidément pas inconnues. Je grognai en relevant mes yeux sur le visage de cette femme stupide et inconsciente. Comment pouvait-elle pointé une arme sur celui qui allait bientôt prendre les commandes du pays ? Ne ressentait-elle pas toute ma force ? Je me redressai sans quitter ma forme à moitié bestiale, et lui sourit d’un air arrogant.

Ainsi, il était impossible de reconnaitre mon visage. Des poils sombres recouvraient mes tempes et mes joues à la manière d’une barbe très mal soignée. Mes dents s’étaient faites proéminentes et l’étincelle d’humanité dans mes yeux avait complètement disparu. Avec mes faux airs de loups garous pur-sang j’en avais berné plus d’un. Ils me craignaient tous car j’étais sans merci ni foi. Je ne croyais plus en rien depuis un bout de temps.

« Une balle en argent ? » Hasardai-je d’une voix hargneuse.

Lors du processus de transformation, tout mon corps changeait : Les traits humains de mon visage disparaissaient sous une touffe noire, mes yeux devenaient sauvages, mes os craquaient et s’allongeaient afin de mieux supportait mon poids grandissant. Mais ma voix était la dernière à être modifié. Elle ne devenait que rarement grave.

Je soupirai en ouvrant mes bras, invitant l’exécutrice à tirer.

Au fond mon caractère n’avait pas changé. J’étais toujours épris par l’idée de la mort. Oui, c’est cela … Mourir m’importait peu. C’était peut-être pour cette raison que j’étais aussi craint. Les autres devaient me prendre pour un malade, chose que j’étais pour sûr.

« Sais-tu combien de balles en argent j’ai reçu dans ma vie ? » Soufflai-je. « Je suppose que mon heure n’était pas arrive. Essaye pour voire. »

Je ne bougeai pas, mes yeux rivés sur son visage sombre. Je voulais voire ses traits, connaitre enfin son identité c’est alors qu’un rayon de lune, vint exaucer mes vœux. A ce moment je ne pu retenir un éclat de rire. Le destin était vraiment salop parfois. Anita était là. Elle pointait son arme sur moi comme exactement il y a 4 ans. Je revivais encore la scène dans mes yeux, mais cette fois je ne pouvais pas me laisser mourir. La meute comptait sur moi. J’en avais fait la promesse à Jackie.

« C’est curieux. Tu n’avais pas réussi à me tuer la première fois, Anita. Pourquoi réessayes-tu ? » Lançai-je désinvolte.

Elle ne pouvait pas me reconnaitre. Elle ne devait pas. Peut-être même avec un peu de chance avait-elle oublié mon existence, comme moi je l’avais fait. Je souris en me retirant dans le noir. Je voulais protéger ce dernier souvenir qu’elle avait de moi. Celui d’un homme qui était mort par amour… Mon cœur se serra. C’est fou. J’avais toujours cru que mes sentiments m’avaient faussé compagnie. La culpabilité me submergea : Anita Rose Ortega ne vivait pas dans un bel endroit. Elle n’était pas entourée de gens normaux sans aucun trouble de comportement animal. Elle n’était même pas heureuse ou jolie. Elle n’était pas poupette ni innocente. Elle pointait un browning chargé sur les garous de Manhattan. Son visage était sombre et ses yeux éteints. Elle avait la carrure des hunters et moi j’étais son ennemi.

Je m'étais trompé sur toute la ligne, pendant 4 ans je n'avais fait que vivre dans le déni. Voilà la conclusion à laquelle j'étais arrivéi.

— Une balle en argent ?

Je hochais de la tête lentement sans dire un mot, me retenant ainsi de lui balancer des grossièretés. Comme souvent, quand je vois un garou, ma colère est si grande que lancer des mots grossiers me calme un peu. Me prenait-il pour une débutante ce loup-garou encore à moitié humain ?

— Sais-tu combien de balles en argent j’ai reçu dans ma vie ? Je suppose que mon heure n’était pas arrive. Essaye pour voire.

Génial, en plus de son grand pouvoir, il était super sur de lui. Mais je ne connaissais aucun loup garou sur terre qui pouvait ressusciter après s’être fait exploser la tête. Quoi que même dans le corps, une fois la balle en argent rentrée dedans, le garou mourrait immédiatement. En principe. Mais comme il paraissait si sur de lui j’avais un doute, voila pourquoi je relevais l’arme pour la pointée entre ses deux yeux. Au moins là j’étais vraiment sur qu’il allait crever.

Mais il y avait encore quelque chose qui me gênait en lui, et ne pas savoir quoi m’énervais encore plus. Je me concentrais sur son visage, comme si à force de le fixer, il redeviendrait humain, me montrant enfin à quoi il ressemblait. Son rire hérissa tout les poils de mon corps, comme s’ils voulaient tous fuir.

— C’est curieux. Tu n’avais pas réussi à me tuer la première fois, Anita. Pourquoi réessayes-tu ?

Et voila que maintenant il connaissait mon prénom ! Et pourtant ce n’était pas un loup garou de la ville, n’est-ce pas ? Mais si j’avais essayé de le tuer une première fois comme il le disait, ca ne pouvait être qu’un loup de la ville… mais je n’avais pourtant jamais loupé ma cible, tout les loups que j’avais tués étaient restés raide mort. Alors qui… ? J’avançais pour ne pas le perdre de vue. Il faisait bien trop sombre pour le voir mais je pouvais suivre à la trace son pouvoir, il n’allait certainement pas m’échapper !

En me retrouvant un peu plus proche de lui, j’eu comme un flash dans ma tête. Je me voyais tirer sur l’unique homme que j’avais aimé autre fois. C’était le seul à ma connaissance que j’avais voulu tuer et qui devait être revenu à la vie… Mais non, pourquoi reviendrait-il me provoquer ? Et pourquoi avait-il rigolé en me voyant ?

La personne assise à la banquette arrière de mon esprit me disait « Réfléchis Anita, c’est la seule personne possible » Mais la personne qui conduisait ne voulais pas y croire. Je repoussais l’idée le plus loin possible. Caleb était mort. Du moins, c’est ce que je voulais croire à tout pris. Mais surtout, je ne voulais pas voir que c’était bel et bien lui parce que je ne savais pas comment j’allais réagir.

— Pourquoi te caches-tu dans le noir, tu as la trouille ? Tu es venu hurler devant chez moi, pourquoi ? Qui es-tu, et que me veux-tu ? Demandais-je d’une vois dure.

Comme pour le forcer à me répondre, je tirais tout près de son pied gauche, si près que la balle l’effleura. Puis je reportais mon arme sur sa tête. S’il voyait bien mon regard, il pourrait certainement y lire « Répond ou je tirerais vraiment dans ta tête pour la faire exploser. »

La balle en argent effleura ma jambe mais je ressentais à peine la douleur. J’étais sous le choc, complètement éberlué. C’était con de l’avouais mais le fait qu’elle ne reconnaisse pas ma voix blessait la fierté de l’homme qui l’avait jadis aimé. Comment avait-elle pu zapper mon existence, quand je lui avait offert ma vie ?

« Tu as beaucoup changé. »

Cette réflexion m’avait échappé sans que je ne m’en rende compte. Je secouai la jambe en rigolant. Pourquoi mon cœur battait-il aussi fort ? Seule la chasse était sensée me procurait de telles émotions. La frénésie s’empara de moi, en même temps que la colère. Je ne voyais que partiellement le visage d’Anita mais je pouvais déjà dire que ce n’était plus l’adolescente rieuse et fofolle que j’avais connu plus tôt dans ma vie. Ses mains serraient, son arme tellement fort. Cela n’était-t-il pas trop fatiguant pour ces délicates mains ?

Elle tremblait, elle me fixait et puis … Elle me parlait. Je dirais plutôt qu’elle me menaçait de mort. Dans un contexte différent je lui aurais sauté dessus afin de lui éclater les deux mandibules, mais là je restai figé dans le noir. Je n’arrivais pas à lui faire face, pas avec ce visage. A ce moment là, je préférai qu’elle me prenne pour un trouillard ou qu’elle m’explose la tête comme elle le disait si bien plutôt que d’apparaitre en face d’elle. Si elle voulait me voire, il faudrait qu’elle ait le courage de venir à moi.

« Je n’ai pas peur d’une humaine. » Rétorquai-je.

Elle siffla un juron. Cela me sidérait. Quand avait-elle apprit à parler aussi sèchement, et surtout avec autant de vulgarité ? J’étais troublé, peut-être s’agissait-il d’une autre personne. L’exécutrice n’était que le sosie de la Anita que j’aimais tant ?

— Tu as beaucoup changé.

La voix dans ma tête avait raison. C'était Caleb. Quel autre homme-loup que lui pouvait me connaitre assez pour me dire que j'avais beaucoup changé ? Aucun. Et puis à bien écouter, n’était-ce pas sa voix ? Je me mis à trembler et remarquais que j'avais baissé mon arme, je la redressais et resserrais ma prise sur mon flingue pour tenter de camoufler ce petit tremblement. Peu être aurais-je du mettre des gants pour que cela soit moins voyant ?

S'il avait voulu il aurait pu me sauter dessus pour me tuer, et je l'aurais laissé faire. Cela aurait été une espèce d'échange équivalent. Au moins j'aurais vraiment pu faire mon deuil dans la tombe. Que dieu me pardonne d'avoir ce genre de pensées, c'était plus fort que moi. S'il avait bien regardé, il avait du voir quelque seconde une part beaucoup plus humaine de moi, la part qui ressentait encore des émotions face à celui qu'elle avait aimé... A moins que je ne l’aimais toujours ? Oui. Non. Peut-être. Cette idée me faisait peur. Oui, cela m'effrayais d'aimer encore Caleb, même dans un coin reculer de mon âme. Certainement parce qu'il avait un monstre au fond de lui, et que cela faisait de lui quelqu’un de dangereux...

J'avançais encore d’un pas et du baisser un peu mon arme pour ne pas lui toucher le visage avec. Nous étions espacés que d'une trentaine de centimètre maintenant. Tous ces poils qui recouvraient son visage me donnaient la chair de poule. J'essayais tant bien que mal de le camoufler mais s'il pouvait sentir la peur de quelqu'un à des kilomètres à la ronde, j'étais foutue.

— Je n’ai pas peur d’une humaine.

« Regarde-le, s'il voulait vraiment te tuer, il l'aurait déjà fait alors baisse ton arme, il ne te veut pas de mal. Il te provoque juste pour que tu lui fasses comprendre que tu sais que c’est lui. »

— Ta gueule... sifflais-je plus à ma conscience qu'a Caleb.

Mais il paraissait... Surprit ? Tant pis s'il le prenait pour lui. Je baissais les yeux instants sur mon Browning. Peut être que la personne au fin fond de mon esprit avait raison. Il aurait pu le faire au moins dix fois s'il en avait vraiment eu envie. Et cela me trouait le cœur de savoir qu’il ne faisait rien. Peut-être que j’étais maso, ou alors totalement idiote. On pourrait presque croire que je voudrais qu’il me tue. Presque. Je baissais mon arme et le regardais. J'étais foutue, sans mon arme en face de moi, c’était comme ne plus avoir de carapace pour me protéger.

— Qui de nous deux à changer le plus... Caleb ? Finis-je par demander en le regardant bien droit dans les yeux en essayant de paraitre le plus impénétrable que possible.

Ce qui était presque irréalisable. Et merde.

Coup par coup, le vent m’envoyait des gifles virtuelles sans que je ne puisse rien voire venir. Je le sentais dans mes os ; puis dans mon cœur. M’étais-je précipité en venant ici aussi tôt ? J’aurai peut-être dû la pister avant, ça m’aurait évité l’effet de surprise. J’étais confus, même si je ne voulais pas le voire en face. Je tremblais de l’intérieur mais ma bête œuvrait à étouffer tous ces flots de sentiments inutiles … Pour le moment. Je me reconcentrais sur Anita, la femme qui jadis avait fait battre mon vieux cœur rabougri. Je croyais ne plus l’aimer. En fait je ne l’aimais plus. Ce n’était plus elle, ni moi d’ailleurs … Nous avions changés à deux. Nos vies avaient pris deux directions tellement différentes qu’elles s’opposaient complètement l’une à l’autre. Nous étions … Des ennemis.

Qui de nous deux à changer le plus... Caleb ?

Cette dernière question m’avait fait l’effet d’une bombe. C’était un coup en traitre ! J’étais un monstre, je l’avais bien compris depuis le temps. Au fond, je ne lui en voulais même pas. J’avais changé. Mon corps était plus robuste, plus fort et plus poilu. Mes yeux étaient à présent injectés de sang. J’avais des canines aussi aiguisées que des lames de bistouris et bien sur mon esprit tanguait de droit à gauche essayant de rejoindre le coté obscur de la force. C’était plus facile pour tout le monde. La bête en moi rugit tout un coup. Je retins ma respiration en reprenant ma forme la plus humaine possible. Même quand je n’étais pas transformé, je me sentais bestial. Il y avait quelque chose de différent en moi, quelque chose qui interpellait tout de suite et qui mettait en garde les simples mortels. Anita y compris, et ceci même si elle avait baissé son arme.

« Tu as baissé ton arme, pas ta garde. » Soufflai-je en restant dans le noir. « Tu ne me fais plus confiance et tu as bien raison. Tu es moins naive qu’avant. J’en suis heureux. »

Ma voix était glacial, elle ne trahissait pas la réalité de mes sentiments. En fait, rien chez moi ne me trahissait. J’étais confiant, et certaini. Le loup qui sommeillait en moi n’était pas un inconnu. C’était une partie de moi que j’avais voulu renier mais qui revenait à chaque fois, plus forte et plus féroce encore.

« Anita l’exécutrice … » Riai-je. « Je ne l’aurai jamais cru, maintenant tu as un nouveau garou à combattre. Tu le feras même si c’est moi j’espère. Je ne veux pas de traitement de faveur parce que nous avons baisé une ou deux fois par le passé.»

J’étais méchant, je le savais. Je le faisais exprès même. C’était comme ça à présent, je devais lui briser le cœur afin qu’elle se protège de moi. J’étais une menace pour elle , et pour tous ceux de son espèce. Les garous la détestaient tous déjà, et je m’en foutais. Franchement, elle pouvait bien mourir si ça lui chantait … Je refusais juste que ce soit de mes mains. Je me le devais.

— Tu as baissé ton arme, pas ta garde. Tu ne me fais plus confiance et tu as bien raison. Tu es moins naïve qu’avant. J’en suis heureux.

Je haussais un sourcil avec une étrange envie de rire, mais je serrais les dents suffisamment pour me retenir. Il avait raison, j'avais juste baissé mon arme, mais mon bras tendu montrait que j'étais prête à tirer au moindre écart de conduite. Mais quelque part, je savais qu'il ne me ferait rien, même si sa bête elle, ne voulais que ca. Mais est-ce que c'était parce que je savais que Caleb lui n'allait rien me faire que je lui faisais confiance ? Certainement pas!

— Ouais, encore une fois, les gens changent. Dis-je en haussant les épaules.

Là pendant un court instant j'avais baissé ma garde, s'il s'était jette sur moi pour m'arracher la gorge, je n'aurais pas eu le temps de lui tirer dessus.

— Anita l’exécutrice Je ne l’aurai jamais cru, maintenant tu as un nouveau garou à combattre. Tu le feras même si c’est moi j’espère. Je ne veux pas de traitement de faveur parce que nous avons baisé une ou deux fois par le passé.

Je grinçais des dents. Ca c'était un coup bas! Même si en cet instant précis je le détestais pour le monstre qu'il était, l'entendre parler de notre histoire comme une vague histoire de baise me blessait. Mais j'étais beaucoup plus forte que ca, je n’allais certainement pas me laisser abattre puisqu'il le faisait exprès. Il voulait me pousser à bout pour que je combatte vraiment. Je levais mon arme et tirais à quelque millimètre de son oreille gauche. La balle alla se planté dans le mur derrière lui, le bruit résonna dans la rue.

— Une ou deux fois, tu es sur de ca ? Dans les souvenir que j'étais c'était beaucoup plus qu’une ou deux fois... Dis-je en pointant mon arme en l'air en faisant mine de réfléchir. Mais bon venant de quelqu’un qui se pointe devant son ex à moitié transformé en loup, je suppose qu’on ne peut rien attendre de mieux.

Je ricanais et lui fis un sourire mauvais. Sourire pouvait bien voir grâce à la lune qui éclairait mon visage.

— Je trouve ca lâche d’ailleurs, de se cacher sous sa fourrure de loup pour ne pas se montrer sous sa vrai forme.

C’était moi qui le provoquais là. J’espérais que le traiter de lâche allait le faire réagir pour qu’il se montre sous sa forme naturelle… Pour dire que je le revois une dernière fois avant de le buter. Et l’idée me plaisait de plus en plus. D’ailleurs la gâchette me démanger. Il me restait encore des balles et je les aurais bien utilisés pour lui faire mal, dire qu’il souffre un peu quoi. Je n’allais pas le tuer ce soir. J’avais envie de jouer à chat avec lui. Pour qu’il ait le temps de se rendre compte que j’allais vraiment le tuer tôt ou tard. « Ou pas. » Souffla une voix dans ma tête. Qu’elle aille au diable celle là!

Bizarrement je me sentais désolé envers elle. Je ne devais pas avoir été le meilleur petit ami au monde, mais que pouvions nous y faire aujourd’hui ? Le temps était passé si vite, balayant tous nos espoirs de jeunesses. A présent je ne pouvais plus rien lui offrir, à part la mort me semble-t-il. Anita, tenait les monstres en horreur. J’en étais un. C’était une cause perdu d’avance alors je me sentais désolé et légèrement perdu. Le fait est qu’elle était restée spéciale à mes yeux. Je ne l’aimais pas. Non je ne l’aimais pas. Je répétais cette phrase sans cesse dans ma tête dans l’espoir qu’elle soit réelle. Je retins mon souffle en reprenant ma forme humaine. Le vent caressait mon torse nu mais je le sentais à peine. Ma tête devait être ailleurs … Vraiment ailleurs.

« Tu me provoques, ou est-ce que je t’ai manqué ? »

Ma voix était écorchée par les sentiments que j’avais de plus en plus de mal à contenir. Il y avait de la rage, de la haine et de la tristesse en moi. Rien de positif quoi ! Je me raclai la gorge dans un effort vain. Je voulais au moins avoir l’air digne après toutes ces années d’absence forcée.

Je m’avançais hors de ma cachette, près à lui remontrer mes traits d’homme. Mes yeux à présent plus bleu et moins étincelant se posèrent sur elle. Elle n’avait pas changé tant que ça. Enfin physiquement. Ses cheveux étaient aussi longs, et sentait aussi bon aussi. Je retins mon souffle en faisant une grimace comme si je venais de sentir une odeur puante. Ma bouche se tordit en un rictus de gêne.

« Ce n’est pas un homme que tu as en face de toi. » Lui rappelai-je au cas ou mon apparence aurait trompé sa vigilance. Mes sens plus aiguisés et mes perceptions étaient plus intenses que lors de ma vie d’humain. Je pouvais presque sentir le cœur de la jeune femme crépiter à ma vue. Je m’approchai d’elle mais elle ne bougeait pas. Cours Anita, cours je t’en pris … Mes yeux s'écarquillèrent. Qu'est-ce que c'était que ça ? Ma conscience ? Mon humanité ? Anita faisait ressortir ces choses en moi. Mes sourcils se froncèrent.

— Tu me provoques, ou est-ce que je t’ai manqué ?

Je clignais des yeux. Pas parce que j'étais ébloui de le revoir enfin en Humain devant moi, mais parce que le froid me piquait les yeux ! C'est ca ma pauvre Anita, on y croit tous tu sais... Je tentais a nouveau de me reprendre cet air de dure à cuir que je prends tout le temps lorsque je sens que ma carapace pourrait se fissuré à n'importe quel moment. Mais devant un loup-garou qui est en plus mon ex… Et qui est beau comme un dieu, c’est plutôt difficile. Mais j’essaye quand même, on ne sait jamais.

— Je ne sais pas. Les deux peut-être. Ou peut-être pas. Dis-je en haussant les épaules.

Je rangeais mon flingue dans mon dos, dans la ceinture de mon jean. Je n'en avais plus besoin, j'en étais certaine maintenant. Et puis s'il me tuait... Tant pis ! Je n'ai jamais vraiment cru au destin, ou alors juste un peu. Mais là, je pourrais dire que c'était le destin. Il faut bien mourir un jour de toute façon...

— Ce n’est pas un homme que tu as en face de toi.

— Sans blague ? Tu crois qu'il faut me réintégré à l'école primaire aussi pendant que tu y es ?

Je devenais presque agressive là. Presque. Mais tout les moyen était bon pour cacher mon stresse. Bon d'accord, peut être que je n’aurais pas du le provoqué autant, puisque maintenant il se rapprochait de plus en plus, et je ne savais pas quel intention il avait. Il pensait peut être que j'allais me jeté dans ses bras ? Ou bien est-ce qu'il commençait à avoir froid et voulais un petit câlin? Jamais de la vie! Depuis le jour où j'avais "tué" Caleb, je n'ai plus jamais eu de vrai contact physique avec d'autre humain. Quoi que, la seule personne que j'avais du prendre dans mes bras devait être Gabriel, le jeune homme panthère-garou que j'avais aidé...

— Caleb... Dis-je avec un sourire presque mauvais. Si tu espère que je vais te sauté au cou là maintenant, c'est plutôt mal partit.

Je la connaissais, ou du moins je croyais la connaitre. Le caractère général d’Anita n’avait pas vraiment changé depuis le temps. Elle était plus agressive et plus vulgaire que l’adolescente avec qui j’étais sorti mais en même temps c’était toujours elle. Cette manie qu’elle avait de crier sur les gens pour cacher ses faiblesses et son stresse me fit rire. Je lui lançai un regard inquisiteur.

« A ce point ? » Claquai-je joueur. « Je te fais encore autant d’effet ? »

Mon petit air suffisant aurait pu me valoir une balle en pleine poire mais je m’en foutais en ce moment précis. De plus elle venait de ranger toutes ses armes, je ne la croyais pas assez rapide pour me flinguer en deux secondes et ceci malgré la réputation de l’exécutrice. J’avais tendance à croire qu’elle n’avait croisé le chemin que de quelques loups errants et faiblards. Moi, je faisais partie d’un autre type. Ma meute avait la réputation d’être l’une des plus puissantes de la famille lupus.

J’entendais des cloches sonner au fond de ma tête. Elle était si hypnotisant, mais je devais me méfier. Je n’étais pas prêt à me laisser aller ou à faire confiance. Nous n’avions plus le même ADN à présent. Elle ne pouvait plus me comprendre. Je levai les yeux au ciel afin de regarder les étoiles. Nous avions l’habitude de le faire ensemble, allongé sur l’herbe fraiche … ET dire qu'aujourd’hui nous étions prêts à nous entretuer sous ce même ciel. C’était une relation d’un type transcendant !

— Caleb... Si tu espère que je vais te sauté au cou là maintenant, c'est plutôt mal partit.

Je lui rendis son sourire mais mon cœur n’y était pas. Mon regard éteint se posa sur elle. Pour la première fois depuis ma transformation j’avais l’impression d’être supranaturel. D’être complètement étranger. J’avais conscience d’être un monstre, mais cette fois c’était bien réel.

« Ce n’est pas grave si tu ne fais pas, Ani. »

Je déglutis.

« J’aurai trop peur que tu me saignes … »

— A ce point ? Je te fais encore autant d’effet ?

— Va te faire voir, Caleb ! Crachais-je.

Je détestais qu'il ait raison. En même temps, il était torse nu devant moi, et puis encore une fois c’était mon ex. Je n’avais pas encore subit de perte de mémoire concernant ce que nous avions fait dans le passé tout les deux, ce qui était vraiment emmerdant. Ca aurait été un autre homme torse nu devant moi, je n’aurais pas eu de mal a ne pas y penser… Mais la c’était Caleb quand même, et même si je le détestais… la petite personne au fond de mon cerveau me disait d’aller le toucher pour voir s’il avait la peau toujours aussi douce. Et merde. Une chance que j’avais l’option « ignorer la conscience » dans mes actions possible.

— Ce n’est pas grave si tu ne fais pas, Ani. J’aurai trop peur que tu me saignes …

J’eu un vrai sourire amusé, mais quand je dis un vrai, c’est un vrai. Comme si je discutais tranquillement avec un pote… Ou un ex qui n’était pas devenu un monstre… La barbe quand même ! Et puis c’était quoi ce surnom « Ani » ? Ok c’était le surnom qu’il me donnait lorsqu’on était ensemble mais… Il essayait de me faire craquer ou quoi ? Il pouvait rêver tiens ! Mais ce regard qu’il avait me fit perdre mon sourire aussi vite que j’avais peu l’avoir. Quoi, il allait faire les mecs déprimés pour ce qu’il était devenu ? Si je pouvais bien détester une catégorie d’homme, c’était ceux là. Mais je savais que c’était juste passager pour Caleb. En Loup-garou, il avait l’air d’assurer. Il avait rangé un peu de son pouvoir, mais je pouvais encore le sentir me picoté la peau par vague. Surement ses émotions qui faisaient ça.

— Ouais… Marmonnais-je. Et c’est ce que craigne tout les garous ce cette ville malheureusement.

Pour un peu je me serais enlever le manteau et le pull pour lui montrer toute les cicatrices que j’avais eu, pour lui montrer qu’il n’y avait pas que des trouillard quand même. Mais il faisait bien trop froid ! Et puis il y avait un sujet que je n’avais pas abordé.

— Trêve de bavardage, pourquoi es-tu venu, Caleb ? C’est bien beau les retrouvailles mais ça ne me dis pas ce que tu fais dans cette ville a plus de trois heure du matin.

Il y avait une différence abberante entre la bête et moi. Je sentais un fossé se creuser entre moi et Anita au fur et à mesure que j'avançais. Mon apparence humaine aurait dû l’attendrir, ou lui rappeler qui j’étais. Je présume qu’elle m’en voulait de ne pas avoir céder à la mort. Pourtant je l’avais voulu. Je fermai les yeux en serrant les poings. Je détestai les sentiments, quelqu’en soit la nature. J’avais l’impression d’être faible et désemparé à chaque bouffée d’air. C’était douloureux et vraiment soulant.

Je sentis mes yeux éteint. Je savais mon regard mort et mon air déprimé. Je n’y pouvais rien. C’était l’apparence la plus humaine dont j’étais capable, et la seule aussi. Ma bête à l’opposé de moi, était forte et confiante. Elle me redonnait foi. Elle m’insufflait le courage suffisant pour que je puisse vivre avec cet handicap. Je sais que c’est atroce de penser de la sorte mais ; j’aimais être un loup parce que c’était la seule manière que j’avais d’exister.

Je retins mon souffle. Je ressentais à peine le froid, à la place je percevais les quelques gouttelettes d’humidité qui perlaient sur ma peau brûlante. Je grognai en secouant la tête tel un chien plein de puces. Réflexe de merde ! Je devais pas avoir l’air con du coup. Enfin on s’en fout … Elle avait déjà l’air de me détester de toute façon.

— Ouais… Et c’est ce que craigne tout les garous ce cette ville malheureusement.

C’était un peu trop vaniteux de sa part. Je clignai des yeux, réveillant un peu ma bête. Un éclat bestial vint cristalliser à la surface de mes pupilles.

« Pauvres bêtes. Hein ? » Sifflai-je sarcastique.

Ma froideur et mon arrogance reprenaient petit à petit le dessus sur mes émotions et ma surprise. Parce que oui, je ne réaliserais que très mal le fait d’être de nouveau ici, en face d’Anita. Je ne parlais même pas du fait que ce soit elle l’exécutrice. Ça c’était une autre histoire !

— Trêve de bavardage, pourquoi es-tu venu, Caleb ? C’est bien beau les retrouvailles mais ça ne me dis pas ce que tu fais dans cette ville a plus de trois heure du matin.

J’éclatai de rire.

« C’est pour mieux te tuer mon enfant. » Lançai-je avec des faux airs de mère grand. ( Petit chaperon rouge powaa ! )

J’ouvris brusquement la bouche et jappai en montrant mes crocs aiguisés.

« A moi maintenant. Pourquoi spécialement les loups ? » Demandai-je. « Ce n’est pas bien de faire de la discrimination garou. On est facilement vexé, tu sais. »

— C’est pour mieux te tuer mon enfant.

Je fronçais les sourcils. Ce n’était pas censé me faire peur ça tout de même ? Je roulais des yeux. J'avais oublié que Caleb aimait se croire drôle par moment alors qu'il ne l’était pas du tout. Et même s’être transformer en loup-garou n’avait pas changé cette partie de sa personnalité apparemment. Avant, j'aurais rigolé a une phrase pareil... Je grimaçais en sentant tout de même un petit rictus se former sur mon visage. L'amour, hein ? Il avait surement raison, il me faisait encore de l'effet. Non, en fait, il avait raison tout court. Et c’est a ce moment là que sors l’habituel « Et merde »

— A moi maintenant. Pourquoi spécialement les loups ? Ce n’est pas bien de faire de la discrimination garou. On est facilement vexé, tu sais.

Je soupirais, comme si je ne savais pas qu’ils se vexaient facilement ! Je n’étais quand même pas tombé de la dernière pluie. Il faisait exprès de me prendre pour une idiote ou alors c’était moi qui m’énervais pour un rien ? Peut être les deux. Je commençais à déboutonner mon manteau. Il faisait froid, mais je voulais qu’il voie ce que j’avais gratuitement eu sur le corps.

— Tu fais le malin ou être devenu loup-garou t'as rendu complètement con ? Lançais-je en enlevant mon pull pour être en débardeur à fine bretelle devant lui. Tu crois que j'aime ce boulot, et que j'aime toute ces cicatrices ? Au départ c'était pour te venger toi. Maintenant je venge les gens qui ont perdu un être cher a cause de vous ! Et ce n'est pas que les loups. Il m'est arrivé de devoir buté un rat une fois... Mais que veux-tu, les deux autres races son beaucoup plus sage que vous.

Je tremblais comme une feuille à présent. Je n’étais qu’une humaine banale. Être en débardeur dehors a 3h du matin pendant une période aussi froide n’étais pas bon pour moi. Demain j’aurais la crève, génial ! Mais Caleb devait voir ça. Pour moi ces cicatrices n’étaient qu’un échange équivalent. Quand j’essaye de buter un garou, il faut bien que j’en récolte des conséquences. Une chance que je ne transforme pas en garou lorsque l’un d’eux me griffe. Que pensait-il de cela, Caleb ? A ma connaissance, j’étais la seule humaine pour l’instant qui ne se transformais pas à la pleine lune après s’être fait griffé par un garou. Et j’avoue que j’en étais fière.

Je posai mes yeux meurtri sur son corps. Je retrouvais la jeune femme frêle que j’avais laissée derrière moi trois ans auparavant. Je baissais les yeux mal à l’aise. Elle était toujours aussi maigre. Elle devait aussi sauter ses repas afin de faire la maligne. Tarée … Pensais-je un peu trop fort. Un sourire de torture se traça sur mon visage. C’était à cause de moi ? Toutes ces cicatrices ? Toutes ces blessures ? Elle voulait me faire porter le chapeau même après ma mort ? Ma vie était vraiment merdique tiens !

« Arrête alors. » Soufflai-je. « Arrête de me venger ! » Scindai-je finalement.

Elle tremblait comme une feuille. La pensée que ce n’était qu’une humaine au fond, m’effleura l’esprit. Je fis un pas, avant de reculer. Il y avait cette barrière virtuelle qui nous tenait loin l’un de l’autre. Elle s’était dessinée sans que je m’en rende vraiment compte. Le destin était un salop de première, mais je suppose que je devais faire avec. Anita vengeait l’homme qu’elle avait perdu. Moi je tuais ceux que les gens aimaient. L’échange équivalent, et l’équilibre interplanétaire n’avaient rien à y faire ! C’était juste la loi du plus fort.
« C’est pathétique de te faire charcuter pour moi. Et ça l’est encore plus de me montrer tes cicatrices de guerre. On dirait un adolescent frimeur dans une cour de récré ! » Grognai-je tout à coup.

Je crois que le fait qu’elle se fasse attaquer sans arrêt … Me déplaisait. Je n’en étais pas sûr. Fuck off ! Je ne pouvais pas craquer pour une humaine, surtout quand cette dernière était assez demeurée pour courir après la mort ! Je ne pouvais pas me permettre de m’inquiéter pour les autres. J’avais d’autres projets pour mon avenir. C’est ce qui m’avait ramené ici dans un premier temps, et non le désir de retrouver mon amour éploré ! Je soupirai exténué. Tiens penser me fatiguait !

« Tss … » Crachotai-je en tombant au sol. Ma peau nue entra en contact direct avec le marbre froid. Je frémis en me recouvrant d’une dense fourrure ébène. Je chargeais en direction de la jeune femme. Je la frôlai sans la toucher, puis je posais les restes de ma veste sur son épaule avant de disparaitre dans les ténèbres de Mahantan.